[D]es jours avec et des jours sans. Des jours où on peut se souvenir de ce qui c'est passé, d'autres non. Des jours où le passé semble si loin, d'autres où il semble nous rattraper...

A ce moment-là, assise sur une pierre plate, la queue battant le vide, je pense que je devrais oublier. C'est du passé, c'est terminé. Il n'y a pas de raison de rester en arrière. Mon cœur est resté en cette place avec mes parents et mon frère, mais ils ne sont plus de ce monde. Qui pourrait bien s'intéresser, vouloir de moi ne serait-ce que quelques secondes ? Ma mère n'est plus là pour me sermonner gentiment et replaçant ma fourrure d'un coup de langue râpeuse. Mon père n'est plus là pour me dire que je possède sa carrure et que je suis un chaton avec de l'avenir. Et mon frère n'est plus là pour venir me chercher, le sourire aux babines, et me demander si je veux l'accompagner en escapade en territoire ennemi, alors qu'il sait pertinemment que c'est oui. Tous ses bons moments sont terminés, le rideau est baissé, il faut passer à autre chose.
Pourtant, lorsque je vois les Quatre Chênes majestueux, ainsi dressés au milieu de cette clairière, je ne peux m'empêcher de penser à eux, et à tous ces bons souvenirs qui les accompagnent. Ils sont mon passé, une ère révolue, terminée. La page s'est tournée, le chapitre a changer. Et pourtant, je ne peux m'empêcher de regretter le contenu des jours passés.

Une gifle de froid me ramène à la brusque réalité. Je suis toujours assise, je n'ai pas bougé. Mon corps, quelques secondes auparavant semblant si endormi, se réveille progressivement. Je remarque soudain que mes coussinets sont gelés, et que je grelotte à moitié. Une nouvelle claque accompagnée de pluie me fait durement reprendre conscience que je suis seule, désormais. Jamais plus personne ne viendra me protéger du froid et de la pluie comme tous l'avaient fait pour moi...
Je me décide à me réveiller un peu et balance brièvement ma queue, histoire de la dégourdir : le balancement houleux de ce membre avait aidé le reste à s'endormir pendant que je réfléchissait. Cependant, je ne bouge pas d'un pouce. Je reste assise. A quoi bon bouger ? Cela me mettrait à l'abri des intempéries, et je n'en ai pas envie. Pas le moins du monde. La pluie me fait prendre conscience du froid, tout comme le froid me fait prendre conscience de la douleur.

Oui, je suis sadomaso. A quoi bon le nier ? Je sais que c'est vrai, surtout depuis que ma vie a tourné. Tout a changé, je ne reconnais plus rien de ces terres qui me semblaient pourtant si amicales et chargées de bonheur il y a à peine quelques jours.
Les funérailles de mon frère ont eu lieu le soir même de sa mort. La surprise était au comble lorsque je suis arrivée, trempée du museau au bout de la queue, mon poil épais collé à mon corps, la truffe pleine de sang, tirant le corps grisé de mon frère derrière moi... Personne ne m'a accusée, mais ça ne m'a pas étonné. Jamais je ne l'aurais tué, ils le savent bien. De plus, il puait tellement le Clan du Chaos, notamment au niveau de ses plaies béantes, que c'était évident...

J'aurais pu pleurer. Je n'en ai pas eu le courage. Aujourd'hui encore, je pourrais le faire. Mais je n'en ai pas envie. Je n'ai pas envie de m'attarder sur ça. De toute manière, il est parti chasser avec le Clan des Étoiles, je ne peut rien y faire. Rien ne le ramènera jamais. Je suis seule. Désespérément seule.

Ou pas. Car cette odeur qui vient chatouiller mes narines à l'issue d'une nouvelle bourrasque est celle d'un être vivant félidé. Je ne suis donc pas si seule.
Ce n'est pas possible ça, tout de même !!! Je sors de mon camp pour me changer les idées, afin d'être seule et de penser à mon avenir pour tenter d'oublier mon passé, et je me retrouve flanqué d'un pauvre chat de clan... Ah, que ça m'énerve !!!
Froissée, je me tourne vivement la tête. Une petite douleur me dresse l'échine. J'ai bougé trop vite, j'étais encore engourdie... Pas grave, j'aime souffrir après tout. Je ne prends même pas la peine de me relever et je regarde vers la provenance de l'effluve.
Une goutte s'écrase sur mon museau. Je secoue les moustaches avec acharnement pour la faire tomber. Lorsqu'elle se décroche enfin pour aller s'écraser avec les autres sur le sol, je regarde d'un air furibond les buissons.
Je dois vraiment avoir une drôle de tête, ma fourrure argentée trempée, collée contre mon corps, me donnant l'air un peu moins trapue qu'à l'ordinaire... Oui, je ne suis pas dupe, je suis petite et carrée. Je m'en fiche, je préfère foncer dans le tas, et mon physique se prête parfaitement à cette préférence.
L'autre commence légèrement un peu beaucoup à m'agacer. Je lui lance, irritée :

‘’ Bon, tu sors ou pas ? Je sais que t'as pas forcément envie de te faire tremper, mais sinon je vais v'nir te chercher, moi... ‘’

[Q]u'est-ce que j'ai horreur d'attendre, c'est fou ça ! Je retrousse les babines, prête à répondre à une éventuelle attaque, car je sais que ma manière d'engager une discussion est... Disons... Un peu rustre et spéciale =)

Une féline grise tigréeprogressait sur la lande, un lapin à la gueule. Elle dénicha un coin tranquile où elle s'apliqua à manger sa proie et n'en laisser que les os. Elle enterra les restes de sa prise et dénicha un buisson sous lequel elle fit une toilette complette avant de se rendre compte qu'un autre félin se trouvait dans les parages.

‘’ Bon, tu sors ou pas ? Je sais que t'as pas forcément envie de te faire tremper, mais sinon je vais v'nir te chercher, moi... ‘’

Elle sortit du buisson et regarda la féline en face d'elle. De gran taille, elle poss&dait une fourrure épaisse et grise, ses yeux verts reflétaient beaucoups de choses : maturité, curiosité, intelligeance... Bien que trapue, on devinait largement d'elle son appartenance au grade d'apprentie, et l'odora de la guerrière rapporta à son cerveau que la chatte éait du Clan du Vent. L'apprentie se mit en position de combat.

- Je ne suis pas l'ennemi, le Chaos l'est. Utiliser tes griffes contre moi ne te servirat à rien, jeune chatte...

Larme de Fougère ne déclina pas intentionnellement son identité. Elle captait largement l'impatience de l'apprentie. L'instainct de la guèrrière tigrée lui disait de partir et de laisser la jeune chatte tranquil, mais elle n'en fi rien, ignorant aujourd'hui celui-ci. Elle resta là, droite, ne révéant aucun sentiment à l'apprenite, immobile. Une brise vint ébouriffer le pelage des deux félines.

[Je repasse à la troisième, je réserve la première personne pour Larme d’Aigue-Marine =)]

Musique

[L]es paroles de l’ennemie, ou apparemment l’alliée, résonnèrent en la petite chatte comme un gong. Elle puait le clan du Tonnerre, et elle se prétendait amie ? Et puis quoi encore... Si c’était ça, Nuage de Coquelicot était la reine des chatons obéissants !!! Elle décida cependant de lui vouer un peu de sa confiance et relâcha avec prudence sa position.
[U]ne bourrasque vint ébouriffer leurs pelages. Et la téméraire eut soudain une bouffée d’intelligence : elle se souvint de l’Assemblée et se détendit presque totalement, enfin dans la mesure du possible, elle n’était pas douce comme un agneau quand même... Les Clans étaient alliés depuis cette soirée funeste où ils avaient perdu tant d’êtres chers. Le Clan du Tonnerre était donc par conséquent un ami potentiel du Clan du Vent. Je dis bien potentiel, car la minette était persuadée que même s’ils se prétendaient alliés, ils pouvaient très bien rompre l’alliance et profiter de la confiance récemment installée pour les trahir et les attaquer...
[A] cette pensée, la fourrure de la minousse se hérissa violemment, et elle dut faire un violent effort pour se retenir de sauter sur la chatte en face d’elle. Elle semblait plus âgée, et nettement plus forte, certainement une guerrière. Ne pas provoquer quelqu’un de plus fort que soi-même, c’était une règle de base. Cependant, deux points donnaient du fil à retordre à Nuage de Coquelicot : pour commencer, elle détestait les ordres, et pour elle, les règles étaient des ordres. Elle ne respectait que le code du guerrier, et encore. De plus, elle se considérait plus forte que tous, ce qui était essentiel pour être une winner, et ne reconnaissait donc pas la chatte en face d’elle comme une adversaire de poids. Seulement, elle connaissait la prudence, et décida de garder ses airs agressifs pour tout concentrer dans une gerbe de paroles acides.
[E]lle remua ses moustaches, un sourire flottant sur les babines, sa nostalgie totalement oubliée, avant de planter ses yeux dans ceux de la chatte et de lui balancer :



[U]n sourire à 200% ironique éclaira son visage, tandis qu’elle se définissait comme une chatte saine d’esprit. Non, saine d’esprit n’était pas le terme. Elle avait dit ça pour paraitre normale, bien qu’elle ne le soit pas vraiment. Elle n’était pas non plus folle à lier, juste... Très spéciale. Elle avait un caractère provoquant et agaçant, mais au fond elle était calme... Il fallait juste la cerner et savoir la caresser dans le sens du poil, ce qui était sans aucun doute très dur. Peu de gens y étaient jamais arrivés ; deux personnes, en fait, mais qui étaient mortes à cette heure...
[C]ette pensée fit se serrer le cœur de l’apprentie, qui renifla doucement. Quelques gouttes de pluie s’écrasèrent de nouveau sur son beau pelage, trempé cependant, alors qu’elle s’arrangeait pour masquer les larmes qui pointaient au creux de ses yeux...



[C]ette fois, les larmes coulaient vraiment. Jamais Nuage de Coquelicot n’avait réellement pleuré, et encore moins devant quelqu’un. Elle se passa méchamment et violemment la patte devant les yeux, avant de se rendre compte que, dans sa colère, elle avait oublié de rentrer ses griffes. Elle poussa un long gémissement de douleur tandis que sa vue se brouillait de liquide vermeil. Elle s’aplatit sur le sol en feulant de rage contre elle-même. Mais qu’est-ce qui lui avait pris de se mettre à pleurer aussi ?!
[F]urieuse, elle se mit à grommeler, tout en gémissant. Elle avait mal, aïe aïe aïe... Elle ne s’était pas griffé dans l’oeil, heureusement pour elle, sinon sa vue aurait été nettement compromise... Mais juste à côté, dans le coin, et en dessous, ce qui faisait que le sang étaient allé directement dans la vallée creusée par son orifice oculaire. Se maudissant, pestant tout ce qu’elle savait, elle se prit à penser qu’elle devait faire bien pitié à l’autre chatte... Mais elle ne réfléchit pas à ça très longtemps. Les larmes coulèrent à nouveau, de souffrance toujours, mais de souffrance physique, cette fois-ci. Et elle poussa un petit cri de douleur, le peu de sel contenu par les cristaux de pleurs tentant vainement de refermer les plaies, aussi infimes soient-elles.
[E]lle n’était pourtant pas particulièrement douillette. Elle avait même une très bonne résistance à la douleur, physique s’entends. La psychologique, c’était autre chose.
[U]n éternuement violent vint la secouer, tandis que le sang perlant sur son museau commençait à la chatouiller...
[L]’autre allait se moquer d’elle, c’était sûr...

La féline argentée resta un momant silencieuse, ne semblant pas vraiment prendre au sérieux Larme de Fougère, qui d'ailleurs avait un tout autre désir que celui de se battre avec la chatonne en face d'elle.



Un sourire plus qu'ironique se dessina sur la figure à l'air hautain -air que n'apréciait pas vraiment la féline tigrée-, mais Larme de Fougère restait silencieuse. L'apprentie du Clan du Vent se mit à pleurer, et un onstant plus tard, du sang perlais sous son oeil, si bien que la féline ne comprit pas bien ce qui se passe. Elle s'approcha néamoins de l'apprentie et posa une patte rassurante sur son épaule.

- Larme de Fougère, ainsi on me nomme. Ton passé ne peut être pire que le mien. Quoi de pire que de ne pas connaître la véritée ? Elle fit une pause. Je serais toi, j'irais voir un guérisseur.

Elle enleva sa patte et s'éloigna. L'apprentie semblait avoir commencer son apprentissage il y a peu. Elle repensa un momant à l'assemblée. Oh, elle s'en rappelais bien. Peu après qu'elle avait été nommée apprentie, les chats de son Clan avait ramené plusieurs corps rouges de sang, notamment celui qu'elle reconnu comme étant celui d'Etoile de Fantaisie. Elle secoua la tête. Ca n'a pas été la pire é^reuve de sa vie. Ca remontait à plus loin, lorsqu'elle avait appris ses origines. Non, même récemment, elle avait appris que... Tout simplement, son père avait tué sa mère. Elle leva la tête aux cieux et une larme roula sur sa joue. Elle secoua la tête, revenant à la réalité.

- Tu sais, mon père a tué ma mère...