La Guerre des Clans
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Après le drame de l'Assemblée sanglante, la vie reprend son cours...normalement ?
 
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MessageSujet: C'est ici.   C'est ici. Empty30/8/2010, 18:13

C'est ici que tout a commencé.

Ses narines se dilatèrent, tandis qu'il humait le parfum familier. Non pas que l'odeur était agréable. L'endroit empestait l'humain, le gaz, la pollution. Ses oreilles veloutées étaient agressées par la violence des sons ; des cris d'enfants au loin, l'aboiement d'un chien au coin de la rue, le vrombissement d'une voiture sur l'avenue d'à côté, crachant sur son passage une fumée malodorante. A qui savait entendre, l'endroit était infernal, puant et bruyant. Ce n'était pas pour rien que les chats sauvages évitaient soigneusement cet endroit... Et que certains chats domestiques plus farouches que les autres abandonnaient leur vie en ville pour rejoindre l'orée de la forêt. Quels lieux horribles. Toutefois, Danse des Lames s'en accommodait fort bien. Depuis le temps qu'il revenait régulièrement ici...

Que se serait-il passé s'il n'était pas jamais allé ici, ce jour précis ? S'il ne s'était pas aventuré jusqu'aux Nids de Bipèdes, passant outre les interdictions établies par le Clan ? Que serait-il devenu, s'il n'avait jamais rencontré Poussière du Temps ? Sans doute serait-il resté bête et ignare toute sa vie, ruminant ses souvenirs perdus et des envies de liberté. Chaque jour pareil à un autre, on lui aurait donné un nouveau mentor, qui lui aurait appris comment être un bon esclave soumis à la botte du Clan, servant avec docilité des anciens pouilleux et ingrats qui passaient leurs journées à s'engraisser en paressant au soleil. Le petit Nuage de Suie aurait continué sa vie, remâchant sans cesse de fades projets d'avenir le soir, au milieu des corps duveteux de tous les autres apprentis tout aussi stupides et rêveurs. Un jour serait venu où le chef aurait décidé qu'il était devenu un parfait petit larbin, et qu'il était temps pour lui de changer de nom. Quel nom idiot aurait-on pu lui donner ? Plume de Suie ? Lune de Suie ? Pelage de Suie ? Tempête de Suie ? Autant de noms laids et disgracieux, qui n'évoquaient que le noir tourbillonnant d'une poussière qui imprégnait l'air et votre pelage. A son tour, on lui aurait confié le formatage d'un chaton, afin de faire de lui un nouvel esclave. Malgré son caractère de cochon, il aurait fini par rencontrer une gourdasse à peu près à son goût - de toute façon, ils étaient tous de bêtes moutons sans rien pour les différencier. Ils se seraient envoyés en l'air, il se serait retrouvé avec une tripotée de mômes baveux sur les pattes pour babiller des Papa et des Maman. Et il aurait été un mâle heureux. Un simple d'esprit étriqué et manichéen, avec une compagne, des chatons, des amis, des tortionnaires du troisième âge. Une vie parfaite. Et puis, les lunes seraient passées, alourdissant son ventre, fragilisant ses os, tirant les traits de son visage. Il serait devenu l'un de ces vieux croulants, qui bougonnerait sur la jeunesse de l'époque tandis qu'un chaton servile lui tripoterait un pelage qu'il ne pourrait même plus nettoyer lui-même. Une nuit, il se serait mort d'épuisement après toutes ces années, ou alors en faisant une indigestion suite à une souris un peu trop grosse au dîner. Il ne serait pas devenu une étoile. Non, les étoiles étaient des boules de feu dans l'univers, de minuscules soleils de gaz et de chaleur. Les morts ne devenaient pas des étoiles. Ils étaient enterrés, puis oubliés ; leur corps pourrissait dans les entrailles de la terre. Et à son tour, lui aussi serait devenu poussière.

Il était heureux d'avoir été là ; au mauvais endroit, au mauvais moment. Il était heureux d'avoir rencontré Poussière du Temps. La sauvage, l'élégante, la solitaire, l'irascible Poussière du Temps qui l'avait sauvé du néant, au moment où il croyait avoir tout perdu. Elle lui avait ouvert les yeux sur sa condition. Elle l'avait instruit ; elle lui avait appris le véritable sens de la liberté. Elle avait été plus qu'un mentor pour lui. Comme... un guide ? Non, c'était bien plus fort que ça. Et elle avait décrété, quelques lunes plus tard, qu'il n'avait plus besoin de son savoir. Qu'il était devenu un vrai solitaire. Elle lui avait donné un nouveau nom. Lame de Suie. La lame acérée et dévastatrice qui déchire votre peau, pour se gorger de votre sang ; la suie qui vient vous détruire de l'intérieur. Tout comme la poussière du temps vous use et vous émousse, avant de s'emparer de vous. Mais il n'avait pas voulu de ce nom. Il lui rappelait trop le Clan ; les chaînes qui avaient pu peser sur lui. Nuage de Suie était mort. Aujourd'hui, il était Danse des Lames. La langoureuse sérénade de sabres meurtriers qui viennent vous taillader, se dérobant avec élégance à chacun de vos coups. Un vrai synonyme de liberté. Poussière du Temps avait approuvé.

Et aujourd'hui, Poussière du Temps avait disparu. Le visage de Danse des Lames se fit bougon. Cela faisait déjà plus d'une lune qu'il n'avait plus aperçu ne serait-ce que le bout de sa queue charbonneuse. Il n'arrivait plus à sentir son odeur. Elle s'était tout bonnement volatilisée. Pourtant, il savait bien que la chatte noire s'était prise d'affection pour lui, et qu'elle ne serait jamais partie sans une bonne raison. Le fait était qu'elle était bel et bien partie. Alors quelle pouvait donc bien être cette bonne raison ? Le solitaire s'approcha d'un muret, avant de s'y jucher d'un bond puissant qui étira son corps svelte. Ses yeux d'un bleu perçant balayèrent les alentours. Par cette chaude après-midi, la ville semblait s'être calmée ; les humains préféraient bronzer dans leur jardin, ou aller à la piscine du coin, plutôt que de s'agiter dans tous les sens comme à leurs habitudes. Le coin, un quartier résidentiel, semblait être devenu calme. Il resta aux aguets un moment, avant de se relâcher un peu, et enroula sa queue autour de ses pattes, assis bien droit. Il se replongea dans sa réflexion : pourquoi Poussière du Temps l'avait-elle abandonné ? Enfin, après tout, il n'était plus un chaton... Des paroles lui revinrent en tête. Des paroles qui avaient appartenu à Poussière du Temps.

« Les solitaires sont libres et sans attaches. L'amour passionnel, une amitié trop forte, ou tout simplement un Clan, en plus de te mener à la destruction, sont autant de chaînes qui te pèsent sur l'âme et qui t'empêchent de t'envoler. »

La gorge de Danse des Lames se serra. Avait-elle... eu peur de s'attacher à lui ? Il doutait quand même que la solitaire ait pu l'apprécier à ce point. Peut-être lui rappelait-il quelqu'un ? Il ne savait rien d'elle ; il n'avait jamais vu l'utilité de lui demander. Elle était vivace, mais sage, beaucoup plus âgée que le jeunot qu'il était. Peut-être, à une époque, avait-elle fait partie d'un Clan ? Peut-être avait-elle connu des personnes chères à son cœur ? Avait-elle eu des enfants ? Un compagnon ? De la famille ? Tout cela déboussolait le jeune chat. Peut-être était-ce tout simplement une leçon... L'ultime leçon de l'inoubliable Poussière du Temps.

Ne t'attache pas aux gens.
Ou ils te feront du mal.

Un jour ou l'autre.
D'une façon ou d'une autre.
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MessageSujet: Re: C'est ici.   C'est ici. Empty31/8/2010, 21:22




|Le bruissement léger des feuilles gorgées de chlorophylle et bercées par le vent crépitait aux oreilles délicates d’Étoile Rousse. La Nature, dont sa tribu et elle avaient profité durant la saison chaude, sentait bon. Un fumet de bois sec, mêlé à celui plus présent du chèvrefeuille ajouté aux doux effluves du gibier en liberté, promesse féconde, la faisait planer au beau milieu d’une espèce d’aphasie agréable. Mieux encore, elle se sentait presque revivre... Les visages qu’elle côtoyait demeuraient, sinon heureux, au moins détendus. Son corps enflammé par le soleil généreux et ses prunelles de jade cristalline goûtaient à la saveur toute nouvelle d’un ultime repos. Si la saison battait son plein ces derniers jours Étoile Rousse le savait, le mauvais vent glacé qui apportait avec lui épidémies et désillusions n’était plus si loin... D’ici quelques temps, sa vie de meneuse reprendrait, pour de bon cette fois. Mais comment s’imaginer, sous cet astre angélique que la guerre, indéniablement accompagnée de son malheur, était à l’orée du bois ? Comment soupçonner encore une fois qu’un sang quelconque serait versé de nouveau ? la meneuse du Clan de l’Ombre refusait tout simplement d’y croire.

|
Lumineuse, elle se leva, un dessein bucolique à l’esprit. Grande et fière, elle surplombait ce camp qui était sien, devinant au gré de se regards quelque silhouette paisible, quelque âme en repos... Légère et aérienne, elle bondit du haut de la cavité qui avait servi au Chefs du Clan de l’Ombre depuis des temps immémoriaux pour s’éclipser par la sortie, un projet de promenade en tête. Elle quitta le camp, sereine, foulant une terre familière, protectrice, en d’autres termes rassurante. Une terre purgée de tout remords, de toute infamie, de tout soupçon. Elle progressait, laissant dans son sillage un paysage couvert par ses prunelles vives. Elle regardait le ciel, qui, au gré du balancement des branches, offrait le spectacle de la rencontre de la Poussière et de la Lumière, laissant penser à une myriade d’étoiles qui virevoltaient maladroitement et qui, par instant, interrompait leur vol, comme si la forêt cessait de respirer subitement. Étoile Rousse s'émerveillait tout bonnement de ce spectacle, qu'elle trouvait poétique. La poésie. C'était justement ce qui manquait au monde. La chatte au pelage de feu soupira malgré elle. Ce monde tant rêvé ne serait jamais; il lui aurait fallu pas moins d'une bonne trentaine de lunes pour le comprendre.

|Rêveuse, elle songeait. A la vie qu'elle aurait pu avoir, celle d'une brave guerrière sous commandement, d'un lieutenant courtois et obéissant, peut-être, et à celle qu'elle avait. Celle de Chef. Celle qui la forçait à prendre les décisions, à envoyer des innocents trop crédules à la mort. Soudain, elle eut l'envie de s'enfuir. Vous savez, cette idée larvaire qui vous traverse l'esprit un jour, alors que votre vie est réglée et que rien ne semble pouvoir la faire dévier de son chemin. Mais un jour, telle une nymphe grandissante, elle germe dans votre esprit, vous détourne malignement de vos objectifs, pour enfin vous obnubiler et prendre son envol, lorsque vous décidez de fuir lâchement. La chatte au pelage embrasé se surprit à regretter. Pourquoi avoir été propulsée contre son gré dans une voie dont elle ignorait tout ? Elle avait cru obligatoire de se rendre à la Pierre de Lune, le jour du massacre. C'était là que le Clan des Étoiles l'avait piégée. Elle avait partagé leurs rêves et reçu neuf vies, en compensation de cette qu'elle n'effleurerait jamais plus. Elle n'avait rien comprit, en recevant les neufs chocs successifs, du malheur qui s'abattait sur elle. Celui de guider les autres, alors qu'elle-même s'ignorait. Alors, elle s'était assagie. S'était efforcée de réagir, de mener sa mission à bien. Mais, en cette fin d'été, elle avait comprit qu'elle ne pourrait plus.

|Alors, enveloppée dans son subit désespoir, elle marcha, ses pas soudainement emprunts d'une trace nostalgique. Elle se sentait juste vieillir. Et les jours la creuseraient à chaque reprise un peu plus. Elle s'efforça, sans y parvenir parfaitement toutefois, de chasser ces pensées peu fécondes. Lorsqu'elle releva la tête, elle était presque dans la ville des Bipèdes. La meneuse agita les oreilles, surprise. Elle n’avait rien entendu. Trop obnubilée par ses pensées, elle n’avait pas pris conscience des bruits alentours... elle remua les vibrisses, toujours étonnée par son absence momentanée. Comment ignorer les hurlements lointains qui déchiraient son ouïe fine ? Balayant d’un geste de la queue cet écart, elle décida d’inspecter à son tour ce lieu trop mal connu par les chats de Clan. Elle continua, prudente et attentive au moindre bruit. Lorsqu’elle tomba en arrêt devant un chat. Un chat, rien que ça. Le vent soufflait derrière elle, si bien que l’inconnu devait avoir déjà humé la présence de la chatte au poil intensément roux. Il se retourna, et Étoile Rousse fut surprise de déceler sur son visage, mis en valeur par des yeux bleus intenses, un air de mépris. A cette vue, la guerrière renâcla. Un individu hostile ? C’était bien la dernière chose dont elle avait besoin... Elle parcourut les quelques pas qui la séparait de l’inconnu au poil de suie... et lui adressa un signe de tête. Qu’elle regretta aussitôt. Ce félin, d’après son fumet, était un solitaire, peut-être un banni. Pourtant, elle ne se tendit pas. L’après midi tirait sur sa fin, et elle ne voyait pas en quel honneur un combat devrait entacher cette douce journée. Prudente, elle commença :

"Salutations. Je suis Étoile Rousse. Belle journée pour une promenade..."





Dernière édition par Étoile Rousse le 13/11/2010, 18:00, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: C'est ici.   C'est ici. Empty1/9/2010, 12:20

Poussière du Temps lui avait appris tant de choses. Elle lui avait enseigné la vie, la liberté ; elle lui avait appris à ne plus avoir peur des Bipèdes, au contraire à s'imprégner de leur culture et de leur savoir pour mieux survivre : que les Deux-Pattes s'appelaient humains, que les monstres étaient des carcasses sans vie qu'on nommait voitures, que les étoiles étaient de gigantesques boules de gaz dans l'espace, et non pas de défunts esprits. Elle avait été le meilleur guide au monde pour lui, un mentor qui lui avait appris à évoluer dans son environnement en s'adaptant, et en tirant profit de la moindre occasion se présentant à lui. Elle lui avait appris à respirer, à voir, à écouter, à sentir, à parler. Elle avait aiguisé ses sens ; son savoir avait affûté la lame acérée qu'il était devenu aujourd'hui.

Aujourd'hui, il mettrait son enseignement en pratique.

L'odeur puissante et nauséabonde émanant des constructions humaines n'empêchait pas son ouïe et son odorat de fonctionner à la perfection. Tous sens en éveil, il observait un point vague à l'horizon sans vraiment le voir, ouvrant son esprit à tout ce qui l'entourait. Un est Tout ; Tout n'est qu'Un. Danse des Lames perdait progressivement son identité, pour se fondre dans ce Tout universel. Pour comprendre son énergie, l'étudier, puis finalement l'utiliser à son avantage. Cet entraînement lui procurait des sensations pour le moins... sensationnelles. Il percevait le monde dans son intégrité : le bruissement des brins d'herbe se refermant sur le passage d'un lapin alerté ; les feuilles qui remuaient paresseusement lorsque le vent frais venait effleurer leur surface veloutée de ses doigts agiles ; l'aboiement d'un chien, loin, très loin dans la ville, qui se languissait d'espace et de verdure en tirant un peu plus sur la chaîne qui le tenait fermement attaché à sa niche. Ce fut donc sans trop de mal qu'il la remarqua. D'abord, le bruit mat de ses pas sur l'humus moelleux, s'intensifiant au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de lui. Sa conscience se reconnecta, son regard s'alluma de nouveau. Pourtant, il ne bougea pas. Il l'écouta venir vers lui, sans faire un geste. Avant, il dédaignait la compagnie ; maintenant, elle l'indifférait. Avant, aussi, Nuage de Suie était étriqué, fermé à la nature, remâchant vaguement le soir quelques projets illusoires de liberté sans jamais oser les exaucer, sans cesse repoussés au lendemain.

Soudain, le vent tourna, ébouriffant les poils de son échine, envoyant vers lui une myriade d'arômes sylvestres émanant de l'orée du bois, parmi lesquelles le parfum de l'inconnue. Il hésita un moment. Le seul moment où il avait pu humer l'odeur des autres Clans, c'était le soir de sa première - et qui fut sa dernière - Assemblée ; celle qui avait débouché sur une boucherie effroyable, provoquée par un assaut du Clan du Chaos. Enfin... D'après ce qu'on avait pu lui raconter après. Car il n'avait aucun souvenir qui remontait au-deçà de cette fameuse Assemblée. Ses canines vinrent chercher sa lèvre inférieure, la mordillant nerveusement. Il ne savait pas ce qui avait pu se passer ; il se sentait tellement vide, désarmé, vulnérable. Il... avait dû se prendre quelque chose sur la tête. Recevoir une blessure grave qui lui aurait fait perdre la mémoire. Ou peut-être avait-il pu voir des atrocités telles que son subconscient avait tenté de l'en protéger en bloquant ces souvenirs. Alors pourquoi ne pouvait-il se remémorer des événements antérieures à cette nuit meurtrière ? Sa mâchoire se serra subitement.

Et la chatte était toujours derrière lui.

Il ne se retourna pas tout de suite. Il prit le temps de détendre les traits de son visage, un à un ; une respiration profonde l'aida à se calmer. Ayant repris le masque impénétrable, presque méprisant, il fit volte-face.

La femelle était de taille et de corpulence moyenne, honorable ; mais peut-être était-ce son opulente fourrure rousse, flamboyant au soleil, qui lui rajoutait simplement de la carrure. Elle avait de grands yeux en amande, d'un vert pas saturé et agressif, mais un peu plus doux, un peu plus clair. Maintenant qu'il lui faisait complètement face - enfin pas vraiment complètement, seule sa tête était tournée vers elle tandis que son corps était resté immobile, droit, faisant face à la ville - il prit son odeur de plein fouet. Une forte odeur d'humus, de terre et d'eau. Clan de l'Ombre, peut-être. Il se souvenait des racontars colportés par les anciens, sur des félins miteux au regard vicieux, d'une puanteur telle qui recouvrait celle d'un Chemin du Tonnerre - d'une route, plutôt, corrigea-t-il intérieurement. Des bêtises, des bêtises, et encore des bêtises. Même s'il n'avait jamais prêté attention aux illuminations des vieux croûtons, il fallait dire que là, ils avaient tort sur toute la ligne. La guerrière, très certainement un vétéran, était loin d'être laide ; son pelage était brillant et soyeux, bien entretenu ; et son odeur n'avait rien de gênant, elle était juste particulière, surtout pour des boules de poils qui vivaient à travers des plaines sèches et étendues. Danse des Lames n'aimait pas la discrimination.

Il put remarquer que la rouquine, lorsqu'il se retourna, eut l'air contrite ; ses narines émirent un claquement reconnaissable. Pourtant, à ce qu'il sache, il n'avait encore rien fait, de bien ou de mal. Peut-être n'avait-il pas tout à fait gommer les émotions de son visage ; peut-être était-ce l'idée de rencontrer un solitaire qui lui déplaisait, même si elle devait s'y attendre en s'aventurant sur un territoire neutre, qui plus est aux abords de la ville ; ou peut-être le mépris naturel de ses plis était-il un peu trop présent aux yeux de la chatte. Mais ce fut sans se dégonfler qu'elle s'approcha du - pas si - grand méchant chat, couvant la distance qui les séparait de quelques foulées souples. Restant toutefois sur ses gardes, demeurée au sol alors que Danse des Lames pouvait la regarder de haut et du haut de son muret, elle lui adressa un signe de tête formel. Le mâle gris retint un haussement de sourcil dédaigneux sur les bords : celui la changeait de la première fois où elle avait renâclé, semblerait-il de désapprobation.

« Salutations. Je suis Étoile Rousse. Belle journée pour une promenade... »

Le solitaire l'observa droit dans les yeux. Après un temps de silence qui laissa en suspens la phrase d'introduction ma foi polie mais prudente de la femelle, il consentit à se lever, puis à se rasseoir, cette fois totalement face à elle. Étoile Rousse. Chef du Clan de l'Ombre, alors. A ce qu'il paraissait, ils avaient neuf vies. Ce seraient les guerriers d'antan qui donneraient cet avantage aux meneurs. Danse des Lames ne croyait pas au Clan des Étoiles. Enfin bon, quand on veut on peut, hein.

« Peut-être. »

Réponse évasive.

Juste pour remplir le silence.
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MessageSujet: Re: C'est ici.   C'est ici. Empty1/9/2010, 14:54


| Un léger courant d'air vint teinter aux oreilles de la meneuse. Son interlocuteur, juché sur une barrière, n'avait pas pris la peine de descendre. Un paria ? S'il connaissait les moeurs des chats de Clan, il aurait convenu qu'il s'incline poliment, et non pas qu'il se contente de tourner sa petite tête de suie dans la direction d'Étoile Rousse. Cependant, la meneuse n'en prit pas ombrage. Il n'y avait aucune raison, d'ailleurs. Elle était là, errante, sur le territoire des Bipèdes, et venait de faire la rencontre fortuite d'un individu dont les manières s'apparentaient à celles d'un solitaire. Point. N'étant pas particulièrement tendue, elle relâcha la subtile pression qui pesait encore sur ses épaules finement découpées. Son compagnon était jeune. Une vingtaine de lunes tout au plus. Son enveloppe charnelle correspondait à celle d'un guerrier. En apparence, il était normal, mais la rouquine avait fait assez de rencontre dans sa vie pour savoir qu'il était inutile, voire dangereux, de juger les individus sur leurs paraître. Lorsque l'individu se tourna pour de bon, il lui murmura:

"Peut-être."

| Un mystérieux ? La meneuse se laissa aller à diverses supputations qui l'amusaient en son for intérieur. Quelle était l'histoire de ce matou, de qui elle sentait émaner un léger mépris à son propre égard ? Autant de questions qu'elle se promit de lui poser. Majestueuse, elle prit la peine de se passer une patte incandescente sur le museau, luxe d'une attente, pour enfin remarquer que le matou la dévisageait. L'intensité de son regard azuré la fit même vaciller intérieurement l'espace d'un infime instant, mais elle se resaisit. Un regard profond, c'était le témoin d'une personnalité complexe. La meneuse au poil rouge s'aperçut que lui ne s'était même pas présenté. Il allait décidément avoir besoin de leçon de bonne manière. Balayant tout état d'âme d'un geste énergique de la queue, elle lui lança:

"Viens donc me rejoindre. "

| Son invitation était polie, et elle n'y voyait absolument aucune ambiguité. Une expression indéchiffrable gravée sur le visage, son interlocuteur mutique bondit souplement au niveau de la rouquine, ses deux puits d'agathe la fixant toujours aussi obstinément. Elle n'aurait su dire pourquoi, mais Étoile Rousse sentait le mépris émaner de sa personne. Encore un mystère.

| Alors, comme analgésiée, ele se plongea dans la contemplation de l'environnemet direct. Des nids de Bipèdes trônaient ça et là, ayant devant eux un territoire bien délimité par qui des barrières, qui des murets de pierre. Cette organisation stricte ne manqua pas de rappeler à la meneuse rousse la vie dans le forêt. Chaque Clan avait son territoire, son terrain de chasse à l'instar des nids de Bipèdes. Étoile Rousse prit soudain conscience que ces êtres-là étaient mauvais. Étriqués dans leur domaines privés, ils demeuraient les seuls chefs de leur fratrie. Comme elle, au fond, avec son Clan de l'Ombre. Peut-être d'ailleurs n'était elle ni plus ni moins qu'une chatte à la visibilité sclérosée, aux choix corrompus... menée à la baguete par le Clan des Étoiles qui règnait sur la Toison Argentée. Un pion qu'ils déplaçait en riant, parfois, de son questionnement intérieur. Alors, quand elle mettait trop en doute leur mémoire, ils s'empressaient de lui envoyer un songe ou deux, histoire de la calmer et de continuer à faire main basse sur les esprits crédules de ces pauvres animaux voués inexorablement à la mort. La seule divine qu'Étoile Rousse reconnusse.


| Comme pour la punir de ces pesées parjures, un vent chargé d'innombrables senteurs boisées vint lui ébourrifer le pelage. A travers ce souffle, elle croyait discerner une menace, ténue, mais bien présente. On ne jouait pas avec le Clan des Étoiles. Pas comme ça, du moins. Ce vent lui avait murmuré un message. Car oui, ils lui avaient donné neuf vies, mais oui, ils pouvaient les lui reprendre. Après tout, un chien croisé d'une manière forte opportune au détour d'n sentier ferait taire ces questionnements hérétiques... et la crainte qu'elle ne monte sa tribu contre eux serait illusoire.

| En émergeant de ce songe éveillé, la meneuse se rendit compte qu'un blanc dérangeant s'était installé entre les des protagonistes de la scène urbaine. Pour cacher sa gêne, elle se lissa le poitrail d'un coup de langue expert et se mit à son tour à fixer l'inconnu. Pour revenir à la constatation qu'elle ignorait son nom. Ils étaient à présent presque face-à-face. Son regard intensément azuré à lui affrontant ses émeraudes scrutatrices à elle. Détournant le regard, elle reprit, en tâchant d'effacer de sa voix toute trace d'affliction qui aurait été due à la pseudo révélation qu'elle venait de se faire.

"Eh bien. je ne connais toujours pas ton nom"

| Fit elle remarquer non sans douceur, ne rompant pas pour autant leur discours occulaire qui demeurait tacite.



Dernière édition par Étoile Rousse le 14/11/2010, 14:20, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: C'est ici.   C'est ici. Empty1/11/2010, 14:26

Comment aurait-elle pu réagir ? Vraiment, Danse des Lames aurait-il pu imaginer - voire espérer - qu'elle verrait dans ses divagations une quelconque provocation qui lui aurait fait hérisser le poil et fait sombrer dans une frustration destructrice ? Pensait-il qu'une chatte au regard si sage, si posé, se serait-elle laissée entraîner dans une spirale de haine sans fin alors que son travail était celui du berger, qui guidait son troupeau de mouton à travers les ténèbres, en faisant croire à tous les instants aux idiots que son faible lumignon était le soleil ? Non, décidément Danse des Lames, tu es trop bête et puéril. Trop immature. On n'a jamais fini d'apprendre. Poussière du Temps te disait souvent cela, n'est-ce pas ? Puisqu'elle ne reviendra, essaie au moins de garder son souvenir intact. Il n'empêchait que, quelque part en son for intérieur, une toute petite partie de lui-même soupira avec lassitude : cette petite partie de lui-même, prostrée dans un minuscule coin de son esprit, aurait été curieuse de voir comment la situation aurait tourné si Étoile Rousse avait pris la mouche ; cette petite partie de lui-même, peut-être était-elle celle qui lui faisait ressentir cet infime besoin de compétition, qu'il n'aurait jamais avoué ou montré - un besoin qui se résumait en une seule phrase.

Si la vie n'est qu'un jeu, j'en serai le gagnant.

Son regard s'attarda sur la femelle rousse. Celle-ci avait pris ses aises, s'autorisant le luxe d'une toilette rapide ; sa patte vint frotter l'arête de son museau tapissé de courts poils couleur de flamme, parfaitement agencés. Elle remarqua alors l'insistance de ses yeux azur posés sur elle. Patiemment, elle l'observa à son tour, plongeant ses prunelles de jade dans ses deux saphirs. Le solitaire ne broncha pas. Le silence s'éternisa encore d'une ou deux secondes, interminables.

« Viens donc me rejoindre. »

Les oreilles de Danse des Lames se dressèrent, frémirent, comme si une brise avait soufflé et l'avait fait frissonner. Son regard s'attarda encore quelques secondes sur Étoile Rousse. Son visage ne disait pas grand-chose, encore moins malice diabolique ou quelque sentiment qui aurait pu susciter la méfiance du solitaire dans ses traits. S'il l'avait pu, il aurait haussé les épaules : que perdait-il à répondre à l'offre de la meneuse ? Peut-être devait-il se sentir flatté d'être ainsi invité à la conversation par une chatte qui avait réussi à s'élever aussi haut au sein d'un Clan ; mais la hiérarchie, leur échelle des valeurs, n'en avait aucune pour lui. Étirant son corps souple d'une détente vers le sol, il bondit à terre, se réceptionnant en silence, ce sans quitter du regard les deux prunelles d'émeraude de la femelle. Celle-ci préféra laisser ses yeux s'égarer ailleurs, vers la ville - ou même les nids de Bipèdes pour les chats de Clan - et ses bâtiments carrés et parfaitement agencés.

Quand on y pensait, c'était assez stéréotypé. Manichéen. Malgré leur proximité, les deux félins étaient comme séparés par une frontière invisible, mais bien présente, qui définissait le monde dans lequel chacun vivait, dissocié de l'autre. D'un côté, il y avait ce matou efflanqué, dont le gris du pelage tigré se fondait dans celui du béton, des créations humaines. Froid et fermé, dans une bulle à part, avec un regard qui écrase de mépris tout ce qui lui est étranger. Il avait le savoir, et il le savait. Ce pourquoi il dédaignait tout ce qu'il avait connu auparavant, et surpassé. En fin de compte, à force de puiser dans leurs connaissances, Danse des Lames avait fini par ressembler aux Hommes. Et de l'autre côté, il y avait ce monde ignare et coloré, cet enchevêtrement d'arbres dont les hautes branches masquaient la réalité aux chats de Clan. Devant lui, la pure représentante : un individu qui avait réussi à monter au sommet de ce micro-univers à part, cette chatte au pelage flamboyant guidée par des macchabées dont personne n'avait pu prouver l'existence. Chacun vivait dans le monde qui lui ressemblait le plus, chacun campé du côté de sa frontière : Danse des Lames du côté de la ville, Étoile Rousse du côté de la forêt. Comme pour renforcer cette impression de séparation, un vent souffla en direction du regard de la meneuse du Clan de l'Ombre, comme si une armée sylvestre jaillissait des fourrés pour prendre d'assaut les remparts réguliers des humains. Le solitaire sentit l'odeur de l'humus, de l'eau, des pins, des proies. Tout ce qui faisait le monde de la femelle aux yeux verts.

Étoile Rousse déchira le voile de brume invisible qui avait plongé les deux individus dans la rêverie et la latence d'un coup de langue détaché sur son pelage embrasé. Elle affronta son regard azur, pas plus de quelques secondes, puis recommença à fixer un point dans le vague, quelque part en direction de Danse des Lames.

« Eh bien. Je ne connais toujours pas ton nom. »

Le solitaire se renfrogna un peu. Son premier réflexe aurait de lui demander pourquoi. Il n'aimait pas poser de questions. Poser une question, c'était attendre une réponse de la part de l'autre ; en quelque sorte, vivre à ses dépens. Danse des Lames n'aimait pas dépendre des gens. Mais en même temps, c'était vrai : pourquoi son nom était-il nécessaire ? Bien entendu, le besoin le plus naturel était de pouvoir mettre un nom à tout ce qui nous entourait, y compris à ceux à qui on adressait la parole. Mais autrement ? S'il lui avait donné son nom, celui-ci ne lui dirait rien ; d'ailleurs, même si c'était sous le nom de Nuage de Suie qu'il se présentait, qu'elle connaisse le nom d'un ancien apprenti du Clan du Vent l'aurait fortement étonné. Et maintenant, il se retrouvait muet, simplement parce qu'il était incapable de poser une question, et donc de se sentir dépendant d'une personne d'une façon ou d'une autre. Sa mine se fit butée.

« Je.. n'en vois pas l'utilité. »
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