« Please, don't mock me anymore, please. »
Un frisson me traversa soudainement lorsque, du fond de mon sommeil, cette pensée m'avait traversé soudainement. Réveillé instantanément, je sentais inconsciemment mes yeux s'ouvrir plus que la normale. Cela faisait si longtemps qu'aucune référence à ce temps lointain n'avait été faite que je pensais que tout était oublié. Cette partie de me vie, enterrée dans les recoins profonds de mon esprit, ne faisait déjà plus partie de moi. Ne constituait plus le moi actuel... Ou tout du moins, c'était que je pensais jusqu'à maintenant. Peut-être m'étais-je trompé plus que ce qu'il me semblait. En un éclair, je revoyais ces scènes qui m'avaient marquées si férocement, qui s'étaient incrustées comme marquées à la chaux dans ma peau. Moqueries. Critiques. Railleries. Dérision. Injures. Blessures. Fermant les yeux, je tentais de chasser ses mémoires qui, je le savais à présent, me poursuivrais toute une vie durant. Presque inconsciemment, je me tournais sur moi-même, n'aspirant qu'à oublier tous ses souvenirs, finissant par ne former qu'une boule, qui, naïvement, me rassurait. Comme si se détacher du monde extérieur rendrait toutes ces choses moins réelles, moins vivaces dans mon esprit. Un nouveau frisson désagréable me traversait lorsque la partie de mon cerveau où résidait encore ma dignité se rendit compte de ma situation actuelle. Ridicule, le grand guerrier que beaucoup respectaient aujourd'hui tremblait en se repliant sur lui-même devant quelques souvenirs. Cette soudaine réalisation concorda avec l'arrivée turbulente d'un jeune chat qui, actuellement, ne me disait rien bien que son odeur ne laissa aucun doute sur son appartenance au Clan de l'Ombre. Je sentis son regard se tourner immédiatement vers moi. Une leur de surprise s'alluma dans ses yeux, il ne s'attendait surement pas à voir le Guerrier dédaigneux et méprisant que j'étais, se recroqueviller sur lui-même dans la Tanière. Mon actuel état sembla le regorger soudainement de confiance et ce fut d'un ton presque moqueur qu'il s'adressa ensuite à moi.

« N'aurais-tu pas vu Larme d'Argent ? Je devais le retrouver ici. »

Si j'avais pu, j'aurais haussé un sourcil de dédain. Une certaine fureur commençait cependant à couver en moi, comment un simple apprenti pouvait-il me parler sur ce ton ? Un simple apprenti... Cette émotion dut rapidement se propager à mes yeux tandis que je me relevais car, soudainement, une légère crainte s'alluma dans les yeux du jeune chat qui marmonna une chose inaudible avant de sortir du Refuge. Apaisé par sa réaction, je m'apprêtais à me recoucher lorsqu'une pensée me traversa. Un simple apprenti... Je fus soudainement emporté par une vague de sentiments, si lointains et pourtant si vivaces dans mon esprit. Me secouant, je sortais vivement de la Tanière, ne voulant plus expérimenter cette peur statique qui guettait. Tandis que je m'éloignais du Camp de l'Ombre, je sentais mon poil se dresser sur mon échine. Non, je ne voulais pas. Je ne voulais plus ressentir cette peur. Je ne devais plus ressentir cette peur. J'avais changé depuis cette époque maudite où la peur était ma compagne.

Fuir.
Je devais fuir. Ne pas me laisser rattraper par cette émotion qui vous laissait vide et en même temps vous remplissait du plus ignoble des sentiments. Courir loin. Pour oublier. Des frissons me traversaient périodiquement alors que mon esprit tachait de se fermer à toute pensée quelle qu'elle soit. Je savais que si je lâchais la bride à ma peur, je ne pourrais plus contrôler mon destin à nouveau, je deviendrais cette boule de fourrure tremblante et pitoyable. Tandis que je commençais à ralentir, je sentis une odeur familière effleurer mes narines. L'ombre. Habituellement, je me serai automatiquement dirigé dans une autre direction, mais j'avais besoin de quelque chose actuellement. Une chose que la fuite ne me donnerait pas. Et peut-être qu'un peu de compagnie m'aiderait à faire refluer cette peur innommable que je ne voulais plus dévisager. Que je ne pouvais plus dévisager. Alors que je m'approchais du félin, qui semblait être une féline et que je ne reconnaissais d'ailleurs absolument pas, je la vis tressaillir nerveusement et remarquais instantanément son tremblement. Mes yeux s'agrandirent momentanément sous le choc et même si je ne comprenais pas le pourquoi de sa frayeur qui semblait dépasser de loin les miennes, je sentis que la voir était une mauvaise idée. Une très mauvaise idée. Quelqu'un tétanisé ne m'aiderait pas à surmonter ma douleur. Un instant, j'envisageais l'option de faire demi-tour mais la féline me regardait maintenant et, d'un coup je ressentis une certaine pitié pour ce visage qui semblait souffrir tant sous la pression de ce sentiment tant haï. Continuant à me diriger vers elle, plus lentement cette fois, je la fixais de mon regard si troublant, qui s'adoucissait cependant un peu. M'arrêtant à quelques pas de la féline qui ne me ramenait d'ailleurs aucun souvenir et dont j'ignorais donc toujours le nom, j'ouvris la gueule.

« Il y a un problème ? »

Mon ton, loin d'être doux, avait cependant perdu de son agressivité habituelle. Je devais cependant avouer que ma question n'était pas des plus fines et n'engageait surement pas à la détente de qui que ce soit. Mais difficile d'exiger plus de moi, connaissant mon empathie très développée...


{ Désolée pour le temps de réponse. ♥ Et le manque d'inspi...