C'était le matin. Une brise fraiche traversait la forêt. Petite Aube se leva en étirant longuement. Clignant ses yeux endormis, elle remarqua qu'il était très tôt. Toute la pouponnière dormait encore. L'esprit encore embrouillé par le sommeil, elle pensa lentement *Il est encore tôt. Je me réveillerais quand la pouponnière se lèvera.*. Puis elle avança vers sa litière où sa mère dormait encore. Soudain, elle s'arrêta, se rendant compte d'une chose. Il est encore tôt ? C'était le moment de faire une de ses petites escapades dans les bois ! Le vent semblait être idéale pour une de ces bonnes vieilles sorties interdites. Tendrement, elle lécha la fourrure de sa mère, puis, à pas de loup, elle sortit de la pouponnière. Enthousiasmée par cette escapade facilement entreprise, elle miaula de plaisir. Mais à présent qu'elle était sortit, que faire ? Petite Aube pensa d'abord à aller au Chemin du Tonnerre pour constater d'elle-même quel effet faisait l'odeur nauséabonde que les monstres dégageaient. Mais après quelques minutes, elle finit par y renoncer. D'après les guerriers qui avaient acceptés de lui parler, c'était extrêmement dangereux. Elle avait beau être inconsciente, elle ne l'était pas à ce point ! Elle se creusa à nouveau les méninges. Une odeur de souris arriva au museau du jeune chaton. Soudain, Petite Aube releva la tête. Cette souris lui avait donné une idée ! Pourquoi ne pas essayer de chasser aux Grands Pins ?! Elle voyait déjà le regard fière de sa mère en la voyant tenir un campagnol dans la gueule. Son choix étant fait, elle courut à toute allure vers son objectif. Quand elle y arriva, elle sentit immédiatement l'odeur d'un rongeur. Ayant espionné les entraînements des apprentis durant quelques temps, elle mit à exécution les ordres que les mentors jetaient en général avec fureur à leurs apprentis, et mit tout son poids sur son arrière-train puis avança si légèrement que ses pattes ne faisaient aucun bruit. Elle allait sauter sur sa proie lorsqu'elle remarqua un apprenti du Clan du Tonnerre. D'après son pelage blanc et ses yeux noirs, c'était Nuage d'Aube. Elle l'avait déjà vu quelques fois lorsqu'elle était en-dehors de la pouponnière.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

La présence du jeune chat l'avait déconcentrer et elle avait ainsi perdu le rongeur qui avait pu s'enfuir. Et le chaton attendait de sa part une bonne justification pour sa présence aux Grands Pins si tôt dans la journée. Quoique elle n'en menait pas large étant donné que Nuage d'Aube devait se poser cette même question à son égard.

- C’est plutôt a toi, que je devrais poser cette question, qu’est ce que-tu fait ici, ce n’est pas un endroit pour les chatons.

Outragée par cette réponse, Petite Aube lui lança un regard de défi qui disait clairement : "Et alors ?". Malgré tout, elle se tut. Lentement elle s'assit puis elle répondit à sa pseudo-question :

- Ca ne se voit pas ? Je chasse. Ce n'est pas parce que je suis jeune que je suis une bonne à rien.

Soudain, une nouvelle odeur de rongeur arriva à son museau. Avec bonheur, le chaton la huma profondément. Elle se rendit alors compte qu'elle avait terriblement faim. La seule chose qui l'empêchait de chasser tout-de-suite pour manger était principalement le code du guerrier qu'elle avait appris par coeur malgré sa jeunesse, par égard pour le Clan des Etoiles, mais aussi le jeune apprenti. Rapidement, elle se releva puis lui dit franchement :

- De toutes façons, si tu comptes me ramener au camp, c'est peine perdue. Je ne me suis pas réveillée si tôt pour rien ! Tu sais combien de chatons se lèvent à une heure aussi matinale ? Aucuns ! Tu ne pourras pas me tenir presque prisonnière dans le camp, j'ai besoins de liberté et ça, personne ne le comprend !

Elle respira profondément puis continua, plus doucement et d'une voix remplie de regrets :

- Sans doute parce que je suis le seul chaton qui ressent cela à ce point...

Quand elle finit sa phrase, elle s'enfuit, pour être sûr qu'elle ne retournera pas au camp. Sachant qu'elle était de loin la plus rapide de tous les chatons, elle savait que l'apprenti ne la rattraperait pas aussi facilement qu'il le croyait.

Petite Aube haletait. Encore tremblante de peur. Elle avait faillit mourir ! Elle regarda avec reconnaissance le félin blanc.

- Merci. Mais je ne reviendrais tout de même pas au camp. J'en ai assez de vivre dans cette pouponnière infernale, abritant tout ces chatons qui gémissent sans cesses ! Tu ne voudrais pas chasser avec moi ? S'il te plait !

Petite Aube voulait vraiment que l'apprenti chasse avec elle. Cela serait une sorte d'entraînement pour elle ! Et puis ça pourrais être sympathique. Mais il ne faut pas s'exciter maintenant. La réponse de l'interlocuteur du chaton n'a pas encore répondu. Soudain, une nouvelle odeur passa dans les narines de la petite. Ne pouvant pas résister, elle appliqua tous les conseils qu'avaient donnés les mentors à leur apprenti, puis sauta sur la souris qu'elle tua d'un coup de dent. Avec bonheur, Petite Aube leva la tête et regarda avec fierté Nuage d'Aube. Elle avait tué sa première proie ! Soudain, la branche d'un arbre s'arracha au tronc puis écrasa la queue du chaton. De douleur, elle se roula par terre, écrasant sa proie, tout en hurlant un gigantesque miaulement de douleur. Cette journée aurait put être la pire de sa vie si elle n'avait pas attrapé une souris. Fatiguée de dépenser son énergie, Petite Aube se tut et s'immobilisa tant et si bien que l'on aurait pu croire qu'elle était morte. Quelques minutes filèrent avant qu'elle se décide à donner signe de vie en se relevant et en miaulant :

- Le destin à beau se liguer contre moi, je ne cèderais pas. Quoiqu'il arrive, je vais rester ici pour chasser.

Son comportement pouvait rendre fou n'importe qui, elle en convenait, mais elle était ainsi, et tout les chats la fréquentant devront faire avec. Car l'on ne change pas la nature d'un chat. Et elle espérait que Nuage d'Aube ne serait pas trop exaspéré par sa nature car elle savait pertinemment que jamais elle ne sera autrement, et que cela signifirait qu'elle s'est fait un ennemi.