La Guerre des Clans
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Après le drame de l'Assemblée sanglante, la vie reprend son cours...normalement ?
 
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 ~ Cold.

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MessageSujet: ~ Cold.   ~ Cold. Empty28/8/2009, 13:39

~ Cold.

P.V. Brume Illusoire.


« Je n’ai jamais prétendu avoir l’âme vengeresse, juste une loyauté sans faille et un sacré sens de la justice. »


    Je volais. Loin, loin au dessus du sol que j’avais, il y a quelques temps, foulé de mes fines pattes, loin de tout, loin, surtout, des innombrables nuisances du monde. De mon monde, je le crains.

    Je volais, donc. Bercée par une douce brise qui faisait délicatement ondoyer mes poils sous son souffle paisible. Je fermai les yeux, désirant ardemment que l’agréable sensation reste telle quelques secondes – quelques minutes, quelques heures – encore. J’étais bien, enveloppée dans le coton immaculé des nuages, l’air frais me revigorait, détendant mes pattes raides d’être restée si longtemps immobiles. Je ne vois même pas pourquoi je pense « si longtemps ». Qu’est le temps après tout ? Un ami qui efface vos douleurs ? J’aimerais tant pouvoir croire à cette version des faits, j’aimerais tant pouvoir oublier, oublier ma peine.. Mon interprétation du temps était plutôt celle du vicieux faux-ami qui sape votre bonheur dès qu’il le peut, qui vole votre plaisir et votre joie de vivre, qui raccourcit vos sourires et vous enfonce, trop vite, beaucoup trop vite, dans les abysses insondables du malheur et des larmes. Un ennemi, en bref. Revenons donc dans les nuages où il se trouvait que le temps ne signifiait plus rien, pour l’instant du moins. J’avais perdu toute notion du temps qui passe, je n’avais pas bougé. C’est à peine si je respirais. Je m’enfonçais peu à peu dans les profondeurs de l’oubli. L’oubli... C’était surement la meilleure chose à faire en ces temps de trahison et de noirceur. Mais, au fond de moi-même, souhaitais-je vraiment oublier ? Oublier ces moments de légèreté de ces éclats de rire ? Encore une question sans réponse. Je me retrouvais donc aussi avancée qu’au début de mes passionnantes interrogations – le mot « passionnantes » étant bien entendu employé dans un sens purement ironique. Alors je tentai de me couler de nouveau dans mon état d’hébétude. A ma grande surprise, je n’y parvins pas. Ou plutôt, si, j’y parvins, mais... Pas de la même façon. C’est difficile à expliquer, je ne me sentais pas aussi bien que précédemment, dans mon cocon nuageux. Il était... Dur, froid. J’étais mal, pour faire rapide. Si mal que, sous le coup de la surprise, je me réveillais.

    Ma première action fut de soupirer : J’aurais du me douter que ce n’était qu’un rêve en ressentant cette sensation de plénitude, éveillée, plus jamais je n’aurais cette délicieuse impression. Mon cœur se serra. Ma deuxième fut de balayer les alentours du regard. J’étais dans la tanière des apprentis, que je ne parvenais plus à considérer comme mienne depuis que son fleuron, son plus incontournable résident, n’étais plus. Je ne parvenais pas à m’imaginer la tanière des apprentis sans elle. Elle qui avait éclairé mes nuits et si souvent allumé la lumière dans mes prunelles d’azur.

    La lumière de l’astre de jour ne baignait pas encore les taillis moussus, aussi, je me demandais ce qui avait bien pu me sortir de ma torpeur. A peine pensé cela, la réponse me vint. J’avais été réveillé en pleine nuit par la même chose que la nuit dernière, que la nuit d’avant, et celle encore d’avant. J’avais été réveillée par l’absence de mon amie, l’absence de sa douce et chaude fourrure de feu contre la mienne. Ainsi, comme toutes ces autres nuits cauchemardesque qui avait suivi l’Assemblé, je me levai sans un bruit et quittait le Camp endormi, ombre furtive et invisible. Je gravis lentement la cuvette dans laquelle le Clan avait élu domicile que la rosée commençait à recouvrir. Le lever du soleil ne devait pas être bien loin, le ciel commençait à se colorer de rose, loin à l’est. Une aura de mystère enveloppait la plaine, le silence était parfait, seul bruissaient les fougères sèches et le vent glissant sur les rochers polis. Mes yeux se mirent à pleurer d’être ainsi exposés aux intenses bourrasques de mon pays natal. Je continuai ma randonnée solitaire, non sans avoir au préalable battu rapidement des paupières. Je soupirai, de soulagement, cette fois. Je tirais toujours un profond réconfort de mes promenades matinales, je me gorgeais de solitude et le vent qui faisait voler mes poils gris et blanc détendaient mes muscles et mon esprit torturé. Parvenue sur une petite colline exempte de végétation, je m’affaissait lourdement sur le sol dur, envoyant un nuage de poussière brune danser avec les oiseaux. Levant la tête, je me dis que ces volatiles avaient de la chance : Ils pouvaient toujours partie en migration, loin des dangers et des peines, se purger du mal qui les avaient assaillit - Je parle bien entendu d’un cas hypothétique. J’aurais aimé être un oiseau .. Mon regard retomba vers l’horizon, vers le magnifique camaïeu qui accompagnait le soleil lors de son éveil. Des couleurs allant de l’indigo nocturne au rose saumon, passant par le pourpre et le rouge carmin balayaient le ciel. Pourtant, j’étais insensible devant tant de beauté. Presque insensible. Soudain, je me mis à sourire, bien pâle imitation de mon sourire d’autrefois. Je souris pour la simple et bonne raison qu’un ange venait à ma rencontre. Oui, un ange. Un ange aux yeux d’un ambre si prononcé qu’ils semblaient être d’or liquide. Il venait vers moi, se découpant sur le soleil qui entamait sa course journalière.

Un ange...


[ Au cas où t’as pas compris, c’est toi l’« ange » xD ]
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MessageSujet: Re: ~ Cold.   ~ Cold. Empty28/8/2009, 15:49

    Il aimait bien cette heure-ci. Oui, l'ombre blanche savait apprécier à sa juste valeur cette heure bien spéciale, où il ne fait pas tout à fait jour mais pas non plus tout à fait nuit, alors que d'autres ne voyaient ici qu'une grisaille sans intérêt. Personne n'aurait pu dire si c'était tôt le matin ou tard le soir. Aucune silhouette dans la voûte céleste sans couleur où les étoiles s'étaient assoupies ; les grillons s'étaient tus, et les oiseaux dormaient encore. Il n'y avait que lui, ange luminescent parmi les ombres indistinctes, pour faire du bruit : ses pattes graciles, tout en longueur et en souplesse, foulaient gracieusement l'herbe sans éclat avec un bruit mat qui, contre toute attente, semblait s'harmoniser avec le silence. Il se dépêchait allègrement de trotter vers sa destination : une petite colline exempte de végétation qui formait une sorte de petite bosse à l'horizon désertique des Hauts Plateaux, demeure reconnue du Clan du Vent. Ignorant monts et frontières, il aimait à cette heure escalader la courbe épurée de son flanc pour venir admirer un ciel semblable à ses prunelles de par sa pureté et son absence de sentiments. Après, il serait trop tard, tout serait jaune, rose, et bleu. Enfin, il savait au fond de lui qu'il arriverait à temps : il arrivait toujours à temps. Toute sa journée était planifiée, tous les événements prévus.

    Les filins virevoltants de son pelage mirifique dansant en une folle sarabande dans la bise précoce du matin, il monta à une hauteur respectable avant de tourner son regard vers l'est. Qu'il était beau, ce paysage. Dans la grisaille omniprésente, la lande était affligée d'une sorte d'aspect désolant, sans saveur, dont l'éphèbe se délectait pourtant en passant furtivement sa langue sur ses babines. L'herbe incolore, éparse, était plaquée en arrière par le vent glacial des Hauts Plateaux, qui gémissait sa mélopée plaintive à l'oreille exercée de l'ombre blanche. Les rares fourrés aux branches sèches malmenées semblaient sur le point de crier leur douleur, une rage contenue qui formait une sorte de pression dans l'air qui pesait sur les épaules de chaque être vivant. Si cette beauté éphémère avait été un met, il aurait très certainement été le meilleur au monde - ou du moins, aux yeux d'un ambré perçant de notre cher guerrier. Si elle avait été une mélodie, ç'aurait été un requiem d'une sublimité indescriptible. Après la mort venait cette espèce d'instant de flottement, cet état de béatitude, ce goût du repos éternel. Puis les cendres redevenaient phénix et il fallait endurer une énième fois tous les affres de cette chienne que certains appellent cadeau, et d'autres... la Vie. Il ferma les yeux et ses moustaches frémirent de plaisir dans le froid matinal. Mourir pour mieux renaître... Voilà quel était le but de ces milliers d'êtres grouillant sur la Terre.

    Combien de temps dura ce moment ? Il n'avait pas de réponse a cette question. C'était le genre d'instant intemporel, qui pouvait bien durer une seconde comme un siècle, échappant avec malice à l'emprise du traître Temps qui continuait inlassablement d'égrener un par un la poussière de son sablier. En tout cas, bientôt, le premier rayon du soleil pointa, réveillant toute une symphonie de couleurs trop longtemps endormie, gâchant toute la magie du moment. L'ombre blanche, comme réveillée d'une transe, dressa les oreilles avant de les baisser aussitôt, comme dépité. Toutes ces teintes arc-en-ciel... Ça lui donnait envie de vomir. Les yeux blessés par la soudaine lueur qui pourtant n'était qu'infime, il battit des paupières à la manière d'un papillon prenant son envol. Toute magie s'était envolée. Le vent, comme meurtri de toute une nuit à hurler ses malheurs, se calma soudainement ; l'herbe retrouve son éclat et ondoya doucement dans la brise de l'aurore, offrant une scène idyllique aux fous illuminés du Clan des Étoiles. Le spectacle était fini. Et il le regrettait. Il adressa un vague signe de tête aux dernières traces de grisaille, comme en signe d'adieu. A la nuit prochaine.

    Un bruit. Sourd, comme celui d'une chute. Il fit volte-face. Une jeune chatte du Clan du Vent s'était affaissée au sol, soulevant un vague nuage de poussière qui fit s'enfuir une nuée d'oiseaux matinaux. Son pelage soyeux mariait à la perfection un blanc cotonneux et un gris délicat, et ses yeux d'enfant n'avaient d'égal que l'azur épuré d'un ciel hivernal dégagé. Pourtant, son regard perdu dans le vague était comme vide, et seules les couleurs chaleureuses du soleil levant hantaient ses prunelles, l'irisant de reflets mirifiques mais qui semblaient si fades par rapport à la tristesse qu'elle dégageait. Mm, d'accord, une dépressive. Affalée au sommet de la butte, elle se tenait en surplomb de l'éphèbe qui, par pur réflexe, s'approcha d'elle pour mieux la détailler. En le voyant approcher, un pâle sourire étira les fines babines de la femelle. Mais il ne dit rien. La mine impavide, affrontant ses yeux de glace de son regard d'or en fusion, Brume Illusoire ne savait pas quoi dire.
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MessageSujet: Re: ~ Cold.   ~ Cold. Empty15/10/2009, 20:03


    Je ne savais plus que faire, mes cellules grises tournaient à une vitesse folle, sans toutefois parvenir à trouver un terrain d’entente. Que feriez-vous, vous, dans ma situation ? Saluerez-vous cet ange descendu des Cieux rien que pour vous avec une assurance du genre « Tchekk` là, vieux frère ! », ou vous évanouirez-vous dans la seconde ? N’ayant bien évidemment aucun moyen de le savoir, je me résignais à une attitude que vous avez peut-être envisagé. J’attendis. Sans bouger.

    L’être divin fit de même, et nous nous observâmes sans mot dire, les yeux dans les yeux. Je me perdis dans les profondeurs de son regard d’un ambre particulièrement saisissant. Mon visage perdit toute expression, finissant par afficher une impassibilité digne d’un joueur de poker. Mon doux sourire accentua encore l’impression reposée de mes traits. Un soupir frais souleva une nouvelle écharpe de poussière, enveloppant le paysage d’un manteau trouble. J’eus un sentiment d’anormalité, comme si j’avais changé de monde lorsque mes yeux clairs avaient rencontré ceux d’or liquide du messager du Clan des Étoiles. Mes peines s’effacèrent, les larmes et les doutes, je les oubliais. J’étais Ailleurs. Et cet Ailleurs-là me plaisait fichtrement.

    Comme dans un rêve, je me levai et, d’une démarche d’une souplesse létale et d’une légèreté digne d’une ballerine, je m’approchai de l’ange, désirant ardemment qu’il me confie la clé de ce monde où les ennuis s’effaçaient. Peu importait la solitude, peu importait que je ne pourrais pas dire au revoir à ceux qui m’étaient chers. Seul comptait l’apaisement, ce baume impalpable sur mes plaies à vif.

    Bientôt, il ne resta plus rien entre nous que quelques queue de renard, à ce moment-là, je m’assis, le regard, le visage et l’âme reposés.
    C’est alors que le vent tourna.
    Il partait jusqu’alors de moi et poursuivait sa course vers le félin au pelage immaculé. Lui envoyant mon odeur très distincte de féline du Clan du Vent. Croyant à une apparition divine, je ne m’étais pas plus soucié de son odeur que du panaris de cet ancien du Clan de la Rivière. Sauf que maintenant son fumet venait à moi.

    Contrairement à ce que je pensais alors, il ne sentait pas « rien ». Sa fragrance sobre et poisseuse me disait quelque chose. L’information que je savais capitale était là, dans ma tête, attendant que je me souvienne.
    Je me souvins.

    Le baume apaisant n’était en fait qu’un masque, j’eus l’impression que du citron avait giclé en importante quantité sur ma blessure béante, la douleur fut telle que mes yeux s’écarquillèrent et que me bouche s’ouvrit de stupéfaction. Je reculai de quelques pas, secouant la tête, refusant de croire à ce que cette odeur, sentie une fois, rien qu’une, voulait dire. Ce n’était pas un ange qui me faisait face, non non .. Celui qui me regardait d’un air inexpressif du haut de ses pattes on ne peut plus réelle était même le parfait contraire d’un ange.
    Un Guerrier du Clan du Chaos.

    Je me repris non sans difficulté et parvins à changer mon regard clair en une œillade dure et frappée d’irrémédiabilité que pouvait facilement contrecarrer ma petite taille. Encore et toujours ma taille. Je trouvais maintenant qu’il y avait quelque chose d’inéluctable dans cette rencontre. Nous devions nous rencontrer.

    En quelques minutes, mon esprit chamboulé fit le rapprochement entre cette nuit de pleine lune où tout à changé, cette odeur, ce chat blanc et la solitude morose qui pesait sur mon cœur. La froideur remplaça le dureté, suivie de peu par la colère, la haine. Une haine sans nom. Mon subconscient faisait peser sur ce chat les fautes de ses semblables. Je le tenais pour responsable du meurtre de mon amie. Malgré moi, je découvris quelque peu les dents, laissant entrapercevoir entre mes babines pâles, de longs crocs fins. Couleur ivoire. Mes oreilles s’aplatirent sur mon crâne et mon poil se hérissa. Un grondement sourd monta de mes cordes vocales, et, une fois n’est pas coutume, sa sonorité était bien loin de la voix de cristal qu’elles produisaient habituellement. Suivi de peu par une phrase qui avait retrouvé sa couleur habituelle :


      « Je sais qui tu es. »


    Comme lors de l’Assemblée, je ne ressentais nulle peur, l’adrénaline me faisait des bulles au cerveau. Ma voix – cristalline, on ne change pas l’inchangeable – avait résonné dans le silence de cette aube mordante. Tremblante d’une assurance et d’une haine à la hauteur de la flamme qui grandissait en moi. Je me redressai imperceptiblement et relevait le menton. Mon visage n’était plus qu’un rictus sauvage, masque terrifiant tant il était haineux. Disparue la tristesse et le désespoir. Disparu ma plénitude des derniers instants. Seule comptait mon désir de vengeance et l’être affreux – affreux de l’intérieur, bien entendu. Physiquement, il n’était pas trop trop mal .. – qui me reluquait de ses pupilles d’ambre.

    Je n’avais pas peur.



[ Vraiment, vraiment, vraiment désolée de toute cette attente. J'ai pas réussi à trouver le temps - et le courage, aussi, je l'avoue uu' - de répondre avant .. ]
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MessageSujet: Re: ~ Cold.   ~ Cold. Empty24/2/2010, 00:06

    » Archange à l'extérieur, démon à l'intérieur.
        « Deux idées à la fois désaccordées et harmonieuses, qui parfois se mêlent et se confondent pour ne former qu'un seul être. »

      Il l'observait sans mot dire, inconscient de la démarche à suivre. Il s'était aventuré sur les terres du Clan du Vent, et s'était fait surprendre. Mais, après tout, qu'avait-il à craindre de cette apprentie ? Certes à peine plus petite que lui, elle était encore jeune et fragile ; quant à lui, combien de chats avait-il déjà tué ? De plus, elle ne paraissait pas être dans le meilleur de ses états. Il l'observa plus attentivement. Faible et amaigrie par une entité qui transcendait de loin une saison des neiges trop longue, son pelage semblable au duvet des chatons n'était que le vestige de la beauté qu'elle pouvait offrir. Son regard qu'il devinait d'ordinaire couleur cobalt, n'était que ruines et déchéance, terne et asséché par toutes les larmes qu'elle avait déjà versées. Elle était fade. Sans le moindre intérêt. Juste un reste d'âme, une coquille vide, une feuille morte que le vent aurait tôt fait d'emporter et de briser en mille morceaux, ne laissant subsister comme trace de son existence qu'une fine poussière disséminée sur les flancs de Gaia. Non, vraiment, elle ne méritait pas son attention. Et pourtant... Elle lui rappelait quelque chose. De... familier. L'éphèbe ne plissa pas des yeux comme les vilaines gens en ont l'habitude lorsqu'elles tentent de se rappeler de quelque chose. Il se contenta de fouiller dans sa mémoire, imperturbable dans son attente. C'était aux autres d'agir, pas lui. Il plongea les deux ambres de son regard dans les yeux bleus vidés du moindre soupçon de raison.

        « Qui es-tu donc ? »

      Bien évidemment, elle ne répondit pas. Comment aurait-elle pu ? Elle ne lisait pas dans les pensées. Et si quelqu'un avait pu sonder l'esprit de Brume Illusoire... On pouvait mourir de ce genre de choses. La brume masquait, l'illusion intriguait. Mais une illusion pouvait être mortelle pour celui qui tente de s'en emparer.

      Puis il se souvint. Les étoiles de la Toison Argentée, plus brillantes que jamais, comme une injure à la terre. La lune, ronde et toute d'argent vêtue, n'exprimant qu'une froide indifférence au carnage qui rougissait les flancs de Gaia. Les Quatre Chênes mis à sac. L'Assemblée. Ses muscles tressaillirent, comme sensibles au souvenir délectable du massacre provoqué. Zoom avant. Son regard d'or en fusion se perdit dans les méandres de sa mémoire, repassant le fil des événements. Il s'arrêta sur l'image une novice, à terre, dont l'incandescence du pelage se perdait dans le vermeil de son sang. Et à ses pattes. L'apprentie. La petite femelle grise et blanche, la couleur irrésistible de son iris brouillée par des larmes retenues. Plus vivante que jamais. Un spectacle admirable que cette onde incertaine scintillant au clair de lune, surplombant une surface bleu saphir, tel un océan de rage et de tristesse. Oui, vraiment, ce fut une scène mémorable.

      Reconnaissant le petit nuage, un sourire fleurit sur son beau minois, étirant le coin de ses lèvres. Devant lui, la jeune chatte se releva et, d'un pas somnambule mais assuré, vint à sa rencontre, une muette admiration béate dans son regard vide de tout autre sentiment. Son visage, à la fois endormi et éveillé, avait cet air rêveur qu'ont ceux qui ne peuvent pas réaliser dans l'instant quelle chance ils ont. Quelle chance était de rencontrer un meurtrier ? Un assassin, voilà ce qu'il était. Ni plus ni moins qu'une machine à tuer. Pourtant, lui aussi savait la fasciner. Certes, il était un monstre, certes un monstre hideux, mais un monstre hideux de beauté. Fascinée. Elle était fascinée. Comment la blâmer, après tout, d'être tombée dans le piège d'une apparition aussi trompeuse que magnifique ? Comment ne pas l'être devant ce prince de grâce et de beauté, éclatant dans la délicate étoffe tissée par l'aurore ? A son tour, elle sourit, et se rassit, à seulement quelques longueurs de queue de renard de lui.

      La scène était idyllique. Parfaite.
      Du moins, jusqu'à ce que le vent tourne.

      Lorsqu'elle se rendit compte de qui se tenait devant elle, elle fut chamboulée. Se rétracta. Devint la lune. Devint glaciale. Plus que la haine d'un ennemi, c'était comme un goût de trahison qui hantait le vide abyssal de ses pupilles dilatées. Il l'avait trompée. En croyant effleurer sa lumière, elle ne faisait que caresser les ténèbres. Ce n'était pas un ange, mais un démon qui se tenait près d'elle. Puis la douce tentation de la vengeance la submergea, écrasant la surprise et le dégoût. Il n'y avait plus de calme ou de paradis qui ne tenait en ces lieux. La sérénité de l'endroit devint oppressante, les couleurs de l'aube disparurent aux fenêtres de leur âme, l'atmosphère se tendit. Dans une ultime tentative d'intimidation, l'apprentie dévoila légèrement ses crocs couleur ivoire, couchant ses oreilles veloutées en arrière. Sur sa délicate échine, les poils se hérissèrent pour la faire paraître plus menaçante.

      Pourtant, l'éphèbe ne bougea pas. La queue enroulée autour de ses pattes fines avec panache, il observait d'un œil exquisément goguenard les manœuvres de la femelle du Clan du Vent. Il s'était toujours demandé si son odeur était si désagréable que cela. Non, cela ne pouvait être. Alors pourquoi ? Pourquoi sa beauté ne se limitait qu'à la vue, illusion brisée dès que le vent le prenait en traître ? Cela avait fortement tendance à l'agacer, d'autant plus qu'il préférait nettement aller batifoler avec ces stupides animaux obtus dans leurs rituels, plutôt que de voir détaler ou s'aplatir à son approche une horde de félins couards et sans la moindre liberté. Mais non, non, non. Voir l'ange de la mort qu'il était affublé d'une odeur à faire fuir les blaireaux, c'était imaginer une Vénus sans poitrine. Sans le moindre attrait. Une chose fade et sans intérêt. Encore et toujours. Il fallait bien apporter un peu de couleurs, aussi sanglantes fussent-elles, à ce monde triste et monochrome. Sans doute était-ce l'odeur du sang, l'entourant comme un châle chaud et mielleux, qui les faisaient tous se cabrer.

        « Je sais qui tu es. »

      Il soutint sans broncher le regard de l'apprentie, qui ne laissait planer aucun équivoque sur ses sentiments à son égard. De ses beaux yeux bleus, elle le bousillait, l'écrabouillait, l'écartelait. Si un regard avait pu tuer, il aurait été foudroyé sur l'instant. Sauf que voilà, les regards ne tuaient pas. Se redressant légèrement, relevant le menton, le visage du petit nuage était déformé par l'animosité et le désir brûlant de vengeance. Fais pas une tête pareille, poupée, ça va te faire des rides. Le visage insupportable parfait et inexpressif, sans qu'aucun pli ne vienne tuer sa beauté, il observa cette courageuse petite avec un intérêt nouveau. Elle avait été triste. Elle avait été vide. Elle était haineuse. En atteignant l'autre extrême de la balance, elle avait retrouvé sa beauté. Et l'immaculé félin s'en amusait. Allant jusqu'à la provocation.

        « Ah vraiment ? »
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