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| Sujet: Sing, sang, sung. Sing me a song. ~ 24/12/2009, 14:56 | |
| Sing, sang, sung. PV Marche Turque. ________________________________________________________________________ “One day, a fabulous artist understood this sentence, wrote a song. Heal the world. Now, I understand.”
“Heal my world.” Les alouettes fredonnaient leur mélopée enchanteresse à l’oreille sourde du vent qui caressait d’âpres rochers polis en une chanson que seule une oreille et un cœur attentif pouvaient entendre. Les fougères sèches bruissaient doucement dans la matinée tachée de soleil et de vie, comme une réponse au faible couinement des rongeurs rachitiques qui peuplaient les Hauts-Plateaux. Les nuages silencieux passant dans le ciel semblaient sourire devant les ébats de deux jeunes mésanges, leur rire parvenait presque aux oreilles du lièvre qui finissait de creuser un terrier pour sa petite famille. Le grattement des campagnols à la recherche de graines était comme le point final à cette joyeuse cacophonie.
Les oiseaux chantaient, le vent chantait, les fougères chantaient, le soleil chantait, les rongeurs chantaient, les nuages chantaient. L’univers chantait.
Et moi, dans tout ça ?
La tête basse, les oreilles lasses, la queue trainant dans la poussière, le pelage négligé, le pas lourd, l’œil terne. Il était clair que je n’arpentai pas le même chemin que Malika Ménard. Tssss. Leur faute, ça. Quand je me revoie, fraîche et riante, ça me donne envie de sourire. De vomir. Je me donnerais une claque de m’être fait si facilement avoir, de n’avoir compris plus tôt que ces imbéciles qui essayent de garder leurs chatons dans l’ignorance, ce sont eux, les véritables méchants dans l’histoire. Pas ces monstres irréels et farfelus ou ces aigles qui ne survolent les Hauts-Plateaux qu’une fois l’an. Eux et ce Clan maudit.
Je m’en donnerais une autre pour m’apitoyer ainsi sur mon sort au lieu de bouger, de vivre, de préparer ma vengeance. De montrer que je suis là, que je ne me laisserais jamais abattre, qu’il en faut plus que ça pour faire vaciller ma confiance. Cette confiance en moi que j’avais encore il y a de cela une demi-lune.
Et enfin, une dernière, pour avoir quitté la chaleur du Camp par un froid pareil. J’avais très nettement l’impression d’avoir débarqué en plein climat polaire. Le froid mordant contractait mes muscles et engourdissait mes pattes, je devais bouger sans cesse pour les garder à l’écoute de mes intentions mais chaque pas était un calvaire. Et encore, j’avais de la chance, il ne pleuvait ni ne neigeait, le soleil brillait, mais ne chauffait pas. Je soupirai.
Je balayai les dures arêtes des Hauts-Plateaux de mon regard azuré empreint de tristesse. Comment la vie parvenait-elle à suivre ainsi son cours ? Comment le monde arrivait-il à chanter sa joie et la terre à se ressourcer en attendant la saison des Feuilles Nouvelles ? Pourquoi, moi, ne réussissais-je pas à bannir ces sombres pensées ?
Pourquoi la vie était-elle si horrible ?
Quelques queues de renard plus loin, je m’arrêtai, m’assis, relevai la tête et fermai les yeux. J’espérai que le vent dans mon visage et l’odeur piquante des landes me ressourceraient un tant soit peu.
J’avais les yeux fermés et l’esprit occupé, je ne sentis pas la nouvelle présence, les nouveaux pas, qui battaient la mesure avec la nature des les Hauts-Plateaux.
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