Ce matin-là, le ciel était beau, sans nuage. Le soleil qui commençait à se lever éblouissait la lieutenante qui n'avait pas dormi de la nuit, bien trop perturbée par son passé revenant sans cesse. Se voulant la plus naturelle possible, elle leva la tête et partie voir un chat à qui elle avait un minimum de confiance, lui disant qu'elle partait et d'en prévenir Etoile d'Encre lorsqu'il serais éveillé. Le chat la regarda incrédule. Il est vrai que depuis quelques temps, Pelage de Brume s'en allait souvent, préférant s'évader et penser plutôt que travailler. D'un dernier regard voulant dire « Fais ce que je te dis, point barre. » à son "porte-parole" elle s'en alla, toujours queue levée, le plus naturellement possible, le regard le plus neutre possible, d'une marche rapide. Elle ne voulait pas montrer sa fatigue aux autres, pas montrer ses faiblesses. Elle voulait s'évader, loin de ces nuits cauchemardesques qu'elle vivait depuis quelques temps. Loin de tous ces chats dans le bonheur. Loin de tout, en fait.

Et elle marcha, dans la forêt, enfin seule. Les nuages venaient, puis partaient, il n'en fut qu'un qui resta, cachant l'étoile lumineuse. Pelage de Brume releva la tête vers ce nuage. Il était tout juste assez grand pour cacher l'astre. Cependant, il était bien épais: les rayons du soleil ne passait pas en lui. Attristée, elle baissa la tête, regardant ses pattes « Encore un jour morose...» puis, les souvenirs défilèrent dans son esprit, tel un manège tournant dans sa tête. Sans qu'elle ne le voye; le temps passa. Le ciel se couvra de plus en plus jusqu'à être gris, d'un gris sombre presque noir. Une bourrasque la réveilla, scrutant le ciel, elle pensa:« Encore, encore un orage, encore une tempête...»

Elle repartit, entendant du bruit. elle ne voulait pas rentrer, pas maintenant. Cela ne faisait même pas vingt minutes... Elle voulait encore du temps, rien qu'un peu. Elle partit alors en courant, filant à travers les arbres. Une pluie fine se mit à tomber, ne cessant d'augmenter. Fatiguée, elle se pris une racine contre la patte, et à bout de force, ne réussit pas à se relever. Bercée par me plic-ploc irrégulier de la pluie sur le sol, des gouttes perlant sur ses moustaches, elle fut menée dans un si rare sommeil sans rêve.


Elle fut réveillée trois ou quatre heures plus tard, par un tonnerre zébrant le ciel, non loin d'elle. Elle tenta désespérément de se relever, ce qu'elle réussit, mais elle retomba. Sans perdre espoir, elle recommença pour réussir. Mais Pelage de Brume ne tenait que très peu sur ses pattes. Elle ne tiendrait plus très longtemps, sans dormir, ou très peu, mais comment dire à son chef, à son clan qu'on souffre de son passé? D'un rien aussi pathétique? Comment une lieutenante aussi fière pouvait s'avouer malheureuse face à son clan, lui qui lui faisait confiance? Non, elle se reprendrais en main, seule. Elle continua son chemin, tête et oreilles baissées, sa queue traînant dans la boue. L'orage ne s'étant arrêté, la pluie l'arrosaient tandis que des larmes s'écoulait sur ses joues, mais on ne pouvait les distinguer des gouttes de pluies. Elle était à bout, elle finirait par en mourir, elle le savait. Mais elle ne perdait pas espoir. Elle avait appris à ne jamais baisser les bras, elle ferait comme elle l'avait appris: elle ne baisserais jamais les bras.

Elle continua son chemin pour se retrouver à la Ville des Bipèdes. Elle prit conscience qu'elle était loin du camp: comment ferait-elle pour rentrer? Puis elle pensa: « Tant que je reste dans le territoire, ils me retrouveront, puisqu'ils lanceront sûrement des patrouilles à ma recherche, une fois l'orage finit. » Cela faisait désormais bien cinq heures qu'elle s'en été allée. Les tonnerres s''étaient désormais tût, mais le vent et la pluie, eux restaient bel et bien présent: Pelage de Brume n'entendait même pas son souffle pourtant si fort. Elle releva les yeux, apercevant deux chats. Elle ne sût q'ils faisaient partis d'un Clan ou non leur odeurs était bien trop indistincte et les paroles de l'un était quasi inaudibles. Peut-être était-ce la fatigue? Elle ne voulu en savoir plus et fit demi-tout, espérant ne pas avoir attiré leur attention.

Trop tard, les deux chats l'avaient entendu, l'avaient vu : elle ne pouvait plus fuir. Elle se retournait alors. Le félin blanc était à quelques longueurs de queue d'elle, elle crut reconnaître l'odeur du Clan du Vent, mais elle n'en était pas sûre. Se redressant, elle s'apprêtait à lui répondre tandis qu'il lançait un regard de défi à un autre chat qui interrompit Pelage de Brume.

« Non mais vous vous croyez où? Ce n'est pas une assemblée ici! Déguerpissez tout les deux ou vous aller le regretter. »

Elle feula. Non mais, pour qui il se prenait, celui-là ?! Pour le chef de la forêt? Reconnaissant Goutte de Pluie, son pelage se gonfla, elle ne l'aimait déjà pas, mais le fait qu'il s'approprie cette terre l'énervait plus que tout ! Pourtant, elle remercia silencieusement et secrètement ce chat, car en l'énervant, sa fatigue avait disparue et son état de faiblesse était parti avec : elle était prise d'une nouvelle force, elle pourrait se battre durant des heures, si elle le voulait et si c'était nécessaire.

« Non, mais oh ! La ville des Bipèdes appartient au Clan de l'Ombre, maintenant ? S'impatienta Pelage de Brume. Ah mais oui ! J'oubliais que ton clan est nourri par les Bipèdes ! » se moqua-t-elle, amère.

Sa queue battant l'air, elle toisa les deux chats en face d'elle. Elle ne voulait pas rester, mais c'était plus fort qu'elle : elle ne voulait pas obéir à son rival, car si elle partait, ils penseraient qu'elle était affaiblie – ce qui n'était pas entièrement faux. Elle cracha une nouvelle fois, avant de se redresser et d'annoncer.

« Je serais peut-être partie si tu aurais été plus poli et surtout, que tu ne m'aurais pas donné cet ordre. C'est donc entièrement ta faute si je reste. » finit-elle sèchement.

« Lieutenant trop ambitieux,non ? Un territoire par-ci, un par-là. Ça ne se passera pas comme ça! Nous avons des droits nous aussi. Et je suis prêt à les affirmer ! Une fois débarrassé de toi, j'en profiterai d'ailleurs pour faire un brin de toilette. Ne serait-ce que pour me débarrasser de l'odeur pestilentielle de votre clan. »

Il n'avait pas tord. L'odeur désagréable du clan de l'Ombre parvint au narines de Pelage de Brume, qui, dégoûtée par cette odeur, se frottait le museau. La lieutenante de ce clan puant prit la parole:

« Vous voulez la guerre ? Et bien vous l'aurez si vous la cherchez ! J'étais là la première et vous croyez que je vais m'en aller tranquillement pour vous laisser la place ? Et bien vous vous trompés ! Si vous voulez agrandir votre territoire, allez chercher ailleurs.
- On t'as jamais dit de partir! riposta Pelage de brume, furieuse. Et je te rappelle qu'on est même pas du même clan! T'as pas d'odorat, je rêve! »

Sa fourrure était hérissée; mais elle ne comptait pas attaquer. D'ailleurs, ses muscles était détendus et elle ria intérieurement lorsqu'elle vit la lieutenante de l'Ombre, les muscles tendus. Alors, elle ajouta:

« Tu as crû que j'allais m'abaisser à ton niveau?! Pff... ton mental et celui de ton clan ne vaut rien! Se battre pour une chose aussi stupide! Tu es bien la seule qui l'aurait fait! »

Encore une fois, elle se moquais de Goutte de Pluie. Mais elle n'avait rien d'autre à faire et ça lui donnerais une excuse pour s'être absentée aussi longtemps. Elle savait déjà qu'en disant qu'elle s'était rendue dans la Ville, des chats l'accuserait de ne pas être fidèle mais ils n'avaient pas torts de se méfier: bien que Pelage de Brume ne les abandonnerais jamais.

« Pelage de Brume! » feula la chatte, suite au parole du chat blanc. « Tu n'es jamais venu aux assemblées ou quoi?! »s'exclama-t-elle tandis que le guerrier bondissait sur la lieutenante adverse.

Se calmant, elle s'asseya afin de regarder le combat, espiègle. Les nuages commençaient enfin à se dissiper et Pelage de Brume comprit q'une patrouille du Tonnerre ne tarderait pas à arriver, la cherchant. Il fallait à tout pris qu'elle s'en aille, et vite! Son cerveau ne cessait de tourner, elle réfléchissait tant qu'elle ne voyait plus le combat qui se déroulait devant elle. L'expression stratégique qu'elle avait sur le visage était quelques peu malsain, et lorsque Goutte de Pluiela regarda avec une lueur de défi dans les yeux, ce fut le déclic.

« Alors, on à trop peur pour me défier ? » demanda la lieutenante, d'un ton malin. « Ou alors tu laisse faire le sale boulot à Griffe de Glace ? »fini-t-elle, toujours aussi amère.

Mais cela ne dérangea en aucun cas Pelage de Brume, bien au contraire. D'un coup, un sourire malsain se dessina sur ses lèvres et son expression assez étrange devint sadique. Et si elle faisait croire que son clan attaquait les leurs? Ou qu'il allait le faire? Qu'elle n'était ici que dans le but de retenir le maximum de chat? Elle déclara, maligne:

« Peut-être bien. Affaiblir ses adversaires, n'est-ce pas le but d'un guerrier? Les tenir éloignés de leur camp, n'est-ce pas aussi utile? » questionna Pelage de Brume, d'un ton assez étrange: mi-sadique, mi-moqueuse. « Vous vous battez ici, pour une chose dénudée de sens alors que votre clan à besoin de vous en ce moment. Alors qu'il vous cherche désespéremment et vous appelle, vous, vous êtes là, à vous battre pour un simple malentendu.. Tant pis pour vous, tant mieux pour le Clan du Tonnerre. » finit-elle alors que son visage était de plus en plus sadique et malsain, elle faisait assez peur à voir.

Peut-être ne se contrôlait-elle plus? Mais si, elle était parfaitement consciente de ses actes, elle les contrôlait. Tout ceci n'était qu'un piège pour les faire déguerpir. Mais qui pourrais s'en douter? Les marécages n'étant pas bien loin, toute odeur de sang ou autre était impossible à déceler, les Bipèdes aidant. Et avec le boucan de la Ville, aucun bruit de combat ne pouvait les atteindre. Il faut le dire, l'avouer. Pelage de Brume est une très bonne menteuse, et une excellente comédienne. Il faudrait vraiment bien la connaître pour ne pas tomber dans le panneau..