Quand la lune devient etoile (Pv Fleur d'Espérance)

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Une légère brise secouait de grands pins majestueux dont la cime semblait se perdre au firmament. Un ciel noir d’encre, piqueté d’étoiles, et lumineux venait ajouter à ce tableau une touche de magie. De temps à autre, un démon passait dans les cieux, cachant de ses ailes occultantes la seule lumière qui pouvait encore égayer la population féline vivant comme de simples animaux, au sol. Son ramage était encore plus sombre que la nuit elle-même, et ses yeux de fauves scrutaient, comme autant de flammes de l’enfer, le malheur horrifiant qui s’abattait sur les pauvres animaux tremblants dont la fin se rapprochait inéluctablement… L’oiseau nocturne se posa sur un conifère, et son regard de braise revint sur la colonie de chats apeurés qui gémissait un peu plus loin. Dans l’esprit régi par la faim du volatile, une idée naquit, puis fit son chemin jusqu’à son bec, pour finalement se former en juste quelques mots implacables

« La mort aussi, a ses avantages »

Pourquoi ? Pourquoi tant de malheurs dans un monde où la douleur est maîtresse ? Le fait simple de la mort, lui, apporte une réponse à toutes ses questions, si évasive soit elle. Tout me semblait intemporel. Cette nuit aurait pu être magnifique, si elle n’avait pas vu se dérouler sous ses yeux impuissants la pire bataille qui n’aie jamais eu lieu de toute l’histoire de la forêt. Le massacre le plus impressionnant de toute sa longue vie. Cette nuit-là, les Quatre Chênes, symbole de l’union entre les félins et le Clan des Etoiles, avait été le théâtre d’un événement qui allait marquer à tout jamais l’histoire de la forêt de Cerf Blanc. L’entité maléfique du Chaos avait ressuscité, tel un phénix aux serres de feu… Cette nuit-là, ma vie, et celle de tant d’autres chats avaient basculé à jamais. Des souvenirs me revinrent par bribes, images sombres que je n’oublierais jamais

xXx

La lune est claire et belle, halo fantomatique qui illumine de son aura quatre magnifiques grands chênes. La lumière se reflète dans les prunelles brillantes de la population féline, qui, un peu plus loin, brûle d’impatience. Je suis moi-même là à partager mes émotions avec d’autres chats. Un effluve putréfie l’air, un cri perçant retentit. Des dizaines de têtes qui se retournent vers le même endroit. Puis l’enfer. La vague d’assaut, les cris des chatons impuissants massacrés. Le Chaos total. Puis l’odeur âcre du sang. La vision de corps mutilés, leurs yeux tels deux puits profonds, dardés dans un éternel regard vers la Toison Argentée, comme pour leur poser une question. A eux, qui sont censés tout savoir. A eux qui ont pour mission de faire régner la paix. A eux qui ont vécus mais qui ne sont plus. Un éclair aveuglant.

xXx

Je suis là, pauvre amas de chair et de sang, tremblante au sol. Je le sais, ces images ne me quitteront jamais. Je le sais, ces visions reviendront me tarauder et ce jusqu’à ce que j’en perde la raison. Je le sais. Mon esprit n’est plus rien. Que néant. Je lève la tête, fixant haineusement la lune. Si intensément qu’elle me semble s’être teintée de rouge. Le sang, partout autour de moi, la désolation, la mort. La douleur lancinante qui me déchire l’épaule n’est rien. Je titube, foulant la terre humide jusqu’au centre du camp. Et là, je vois. Un chat noir de jais est étendu, sa musculature impressionnante tendue à l’extrême. Ses prunelles qui brillaient autrefois d’un éclat si profond sont closes, pour l’éternité. Etoile de Cristal. A côté de lui gît un autre cadavre en total contraste, on le distingue à peine de la neige qui lui forme un linceul. Griffe des Neiges. Le Clan de l’Ombre n’est plus, sa hiérarchie est tombée. Les deux chats ont été tués lors de la bataille des Quatre Chênes, laissant le Clan dont ils avaient le commandement seul et désespéré. Les reines s’occupent de leurs chatons survivants, comme si elles cherchaient par leurs coups de langues répétés à les protéger de l’atrocité du monde extérieur. N’ayant jamais eu de petits, je ne souffrirais au moins pas leur disparition... L’œil torve et la mine défaite je me dirige vers la tanière des guerriers, pour y chercher le repos. Je sais néanmoins que seules d’horribles scènes me reviendraient durant mon sommeil, mais je ne peux faire autrement. La queue entre les pattes et la tête basse, je me laisse tomber sur ma litière, les yeux pleins d’images de l’événement sanglant qui s’était déroulé cette nuit-là.

Je me sens translucide. C’est comme si on m’avait privée de mes sens. Je ne sens plus, je ne sais pas où je me trouve. Soudainement, un éclair m’aveugle. Je mets longtemps à m’accommoder à la luminosité, mais, lorsque je peux enfin distinguer les traits du félin qui se tient en face de moi, mon cœur manque un battement. Le nouveau venu possède un pelage roux, aussi intensément cramoisi que le mien. Il a en plus de larges striures noires qui barrent son dos. Son regard émeraude légèrement floué par l’aura qu’il amène me transperce. Tout devint à cet instant clair pour moi. Le félin qui me fait face est Plume d’Orage, mon père disparut. Un calme sourd m’envahit. J’aurais voulu l’assaillir de questions concernant son suicide, mais ses prunelles si intenses me réduisent au silence. Calme dans sa pâleur, il commence :

L’aube des temps sombres est arrivée, Lune Rousse. Il marquaun temps d’arrêt, puis reprit. Le monstre ne se cache plus et l’Ombre est devenue Lumière. Mais la Lune deviendra Etoile, l’Ombre deviendra Feu et retrouvera sa noirceur.

Ce paroles incompréhensibles me frappèrent comme l’aurait un fait un coup de griffes entre les deux yeux.

Plume d’Orage, pourquoi ça ? Pourquoi ce massacre ? Qu’as-tu voulu me dire ?

Le grand félin incandescent ne réagit pas, mais fait volte face, je tente désespérément de le retenir :

Ne pars pas ! Tu as encore tant de choses à m’apprendre ! Non !

Mon cri déchire l’air pesant, et Plume d’Orage s’immobilise, puis tourne la tête.

Souviens toi, la Lune deviendra Etoile…

De multiples paires d’yeux surgissent alors de nulle part, et je hurle.

Le souffle court et haché, je suis sur mes pattes, toutes griffes dehors. Comprenant que j’étais dans l’antre des chasseurs, je me rassérène. J’avais rêvé. Je revoyais pourtant distinctement mon père, qui m’avait parlé. Et ce lac, et tous ces autres félins qui avaient surgi. J’en vins alors à l’évidence : Le Clan des Etoiles lui-même m’avait parlé. Plume d’Orage m’avait énoncé tout ce qui pouvait ressembler à une prophétie, puis avait insisté sur une phrase : La Lune deviendra Etoile.

Que voulaient donc dire ces mots mystérieux ? Levant la tête dans un réflexe, je fixe la lune. Comme sous le coup de cette irradiation, mon esprit se dégage, et je comprends tout. La Pierre de Lune, vite. Je bondis hors du refuge des chasseurs, haletant. Je n’ai pas une seconde à perdre, l’avenir de ma tribu est en jeu, j’en suis convaincue. Un bon guerrier loyal envers son Clan se devait de prévenir un autre de ses congénères lorsqu’il quittait le camp. Je sentis que ce n’était pas nécessaire, bien au contraire... Tout allait se dérouler entre mes ancêtres et moi. Une brise chaude directement venue du Désert m’ébouriffe. Elle semble faite pour me rappeler que c’est lui que je dois traverser pour enfin fouler le sol sacré de la Pierre de Lune. Au lieu de me décourager, ce constat me galvanise. Ainsi je m’élance, zéphyr rougeoyant sous le voile opaque de la nuit qui débute.

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Les arbres jouent du maracas tandis que la brise fraîche de la fin hiver traverse inlassablement la forêt. Il fait jour, mais le soleil joue à cache-cache derrière de sombres nuages. L'atmosphère grisâtre ne dérange aucunement les félins toutefois, et bon nombre d'entre eux sont déjà partis patrouiller, chasser ou enseigner. Fleur d'Espérance, quant à elle, est accroupie dans les fougères aux côtés de Lune Rousse, l'une des chattes qu'elle apprécie le mieux. Ils guettent ensemble trois campagnols bien dodus qui ne se doutent point de leur présence. La femelle au pelage blanc tourne la tête vers sa partenaire de chasse et d'un commun accord, les deux minettes se précipitent sur leurs proies. Sans même leur laisser le temps d'être apeurées, elles enfoncent leurs griffes tranchantes dans leur chair, transpercent leurs organes internes et stoppent toute activité cérébrale. Lune et Espé filent ensuite enterrer leurs dernières prises et en profitent pour faire une pause. Elles l'ont bien méritée, et ce n'est pas le gibier qui va manquer pour le reste de la journée.

Espérance pousse un ronronnement épanoui alors qu'elle s'étend sur le dos, immitée par son amie. La vie est si belle au Clan de L'Ombre, et la chatte espère que cette période prospère durera pour toujours. Que le Clan des Étoiles ne les abandonne pas après leur avoir offert le Paradis ! Le petit ruisseau coule tout près, quelques oiseaux volent dans le ciel qui commence à se dégager. La guerrière ferme les yeux et profite de cet instant paisible, jusqu'à ce que des bruits de pas retentissent.

Elle ouvre instantanément les paupières et bondit sur ses pattes. Lune Rousse avait déjà sortit les griffes et pousse un feulement de colère en direction d'un arbre dont les feuilles n'ont toujours pas poussées. On aurait dit que cet arbre est vieux, rabougri, sur le point de rendre l'âme. Tout comme le Clan de chats qui les observe, les iris flamboyants, que Fleur d'Espérance vient tout juste de remarquer. C'est là qu'elle voit aussi le que ciel s'est transformé en océan de sang. À son tour, elle bombe le dos et crache au sol. Le Clan du Chaos les encercle, et soudainement, le chat qui semble diriger le groupe bondit sur le pauvre duo de l'Ombre, et Lune Rousse se met à hurler...

Lorsque Fleur d'Espérance ouvre les yeux en sursaut, elle surprend ses pattes en train de rétracter ses griffes. Heureusement qu'elle ne dort pas collé contre la fourrure de quelqu'un d'autre, elle aurait put le blesser ! Le coeur battant, elle examine alors les lieux et un soupir de soulagement se fait presque entendre quand elle remarque qu'elle se trouve toujours sur sa litière, dans la tanière des guerriers du Clan. Ce n'était qu'un rêve, ce n'était qu'un rêve... Et pourtant, il semblait si vrai. Était-ce un signe ? Le Clan des Étoiles ne lui a jamais envoyé de quelconque message, ou prophétie, ou quoi que ce soit. Pourquoi le feraient-il aujourd'hui ? La chatte secoue la tête. De toute façon, qu'est-ce que ça aurait bien pu vouloir dire ? Que malgré tout ce qui vient de se passer, malgré la misère dans laquelle se retrouve le Clan de l'Ombre, ils franchiront les obstacles et auront enfin droit au repos ? Et qu'ensuite, il leur sera encore retiré par l'ignoble Chaos ? Nan, impossible, pense-t-elle. Tu as seulement été secouée par les derniers événements, maintenant tout est passé. Tente plutôt d'aider les autres à se rétablir aussi.

Enfin, Espé dirige son regard, désormais habitué à l'obscurité, en direction de la figurante de son rêve, histoire de voir si elle allait bien. Au moment où elle voit que Lune Rousse est déjà sur ses pattes, visiblement tendue ou peut-être excitée par quelque chose, la guerrière aux yeux d'émeraude se demande si elle doit prendre cela comme un bon signe ou un mauvais présage. Néanmoins, elle n'a pas le temps de s'attarder plus longtemps sur la question, car sa camarade la précipite vers la sortie tout en lui demandant de la suivre. Pour aller où ? La chatte l'ignore complètement, mais l'avenir de la forêt va dépendre de leurs prochaines actions, paraît-il.

Discrètement et en silence, elle suit Lune Rousse et les félins sortent du camp d'un pas vif et attentifs au moindre bruit. Espérance a rapidement pris pour acquis qu'ils doivent voyager sans se faire trop remarquer. Elle n'est pas vraiment effrayée, mais le fait de ne pas savoir ce qu'ils sont en train de faire l'irrite un peu. Plusieurs queues de renard plus loin, la chatte juge qu'ils se sont assez éloignés pour au moins pouvoir discuter à voix basse.

Ne pouvant plus contenir sa curiosité, elle demande:
« Où va-t-on ? Est-ce c'est un genre de mission accordée aux plus forts d'entre nous dans le but de sauver les quatre Clans, comme dans les légendes ? »

Tout en prononçant ces mots, un certain enthousiasme commence à s'emparer d'elle. Espé adore se sentir importante et des pensées comme celle-là lui suffisent pour lui donner encore et encore du courage et de la confiance. De nombreux scénarios trottent maintenant à l'intérieur de son cerveau, lui donnant l'eau à la bouche. Devront-ils faire face à de grands dangers comme par exemple une meute de chiens féroces, ou même un monstre à la botte des bipèdes ? Vivement que l'action commence !

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Compte tenu de l'inactivité persistante d'Espé, je continue seule ce RP. je ne tiens donc pas compte de son post.

Je cours, je ne fais que courir, fatalité de mon existence certainement. Le simple fait de sentir l’air saturé autour de moi me rend folle. Il faut que j’y parvienne...à tout prix. La pleine lune si innocente et si cruelle à la fois nimbe le sable chaud et semble me tracer la voie. Docile, je la suis. Peut-être ces rets luminescents me mènent-ils vers la fin ? La fin de ma tribu et de mon propre être... qui sait ? Peut-être même ne sont-ils que les filets infernaux envoyés par les ancêtres du Chaos pour me faire courir vers la mort... Je ne peux réfléchir, je ne suis que vitesse. Ce satané sable incandescent brûle mes pattes. J’aurais crié...si j’avais pu. Mes poumons recherchent en vain l’oxygène inexistant pourtant abominablement nécessaire à ma survie. J’éructe, mais je ne peux m’arrêter. Pas maintenant, alors que je vois justement les pics aguicheurs de la Pierre de Lune. Je dois y parvenir. Pour recevoir le message du Clan des Etoiles. Mine de rien, ça fait encore une trotte... Tant pis. Une bise digne de la saison froide me pousse vers l’avant, comme si c’était le souffle du Clan des Etoiles. Je comprends... j’accélère. Je sais que j’attendrais mes limites, inéluctablement. Mais le désir de savoir m’envol. Prise de vertige, je tombe. Mon corps ne devient alors qu’un brasier. Je brûle. Je sais que, si je reste ici, je mourrai. Le pelage en feu, je me relève et m’élance de nouveau. Enfin, les ombres vindicatives des rocs se profilent plus nettement devant mes yeux pleins de larmes. J’y suis...enfin. La surprise qui tantôt m’avait fait découvrir la sensibilité de mes pattes s’arrêta net. J’avais traversé le Désert. Et devant moi se dressait, devinez quoi... la Pierre de Lune. PAS FINI

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