D'un pas vif & agile, un chat noir se glissait le long de barrières. Rêve à peine esquissé qui se propageait & se perdait dans l'ombre d'une fougère pour réapparaitre derrière un rocher. Éclair de jais, la vue déficiente des bipèdes ne le remarquait pas. Insaisissable & immatériel pour ses êtres aux sens atrophiés, il n'était rien de plus que la brume qui se propageait, visible mais à jamais perdue pour ceux-ci. Fantôme du passé déjà oublié, il se faufila sous une clôture. Ses yeux verts approchant de la couleur des prairies au printemps se dirigèrent vers le jardin où il était entré. Il ne faisait même pas attention à la puanteur des lieux, lui qui avait pourtant un odorat très sensible. Autre chose l'intéressait dans ce jardin. Des roses, fleurs sans réelles vertus médicinales se balançaient au gré du vent. L'herbe, beaucoup moins verte que celle qui brillait dans les yeux du chat noir, frémissait sous une caresse fugitive. Courte, elle semblait regretter les temps où elle se balançait, haute & fière en compagnie des roses. Mais les hommes assouvissent leurs désir. Toujours. Et ils voulaient couper cette herbe, elle avait beau gémir sous leur pas & crier sous la douleur que leur causait leurs engins à moteur, rien n'y faisait. Sourds mais dangereux. Aveugles mais sournois. Les bipèdes ne faisaient pas attention à ce qui les entouraient.

Le chat noir s'assit à l'ombre d'un arbre qui lançait vers le ciel ses longues branches. Cherchait-il à atteindre le paradis, ou à s'enfuir, cette arbre qui serait bientôt couper. Les pattes posées sur un tapis de feuilles, le dénommé Âme de Loup surveillait les alentours. Il savait que ce qu'il faisait était inutile mais il ne pouvait s'empêcher d'espérer. Espérer pour ne pas mourir. L'espoir fait vivre. Le guérisseur ne croyait pas cette phrase mais que faire à part espérer. Attendre... Cela ne le mènerait à rien. A rien de plus qu'espérer. Mélancolique, Âme de Loup se laissa aller à ses souvenirs.

L'évènement s'était passé il y a quelques lunes, il venait juste d'être nommé apprenti et son mentor avait voulu le tester. Il lui avait fait chercher une espèce de plantes médicinales. L'apprenti savait où les chercher, il avait d'ailleurs trouver un autre endroit où la plante était plus florissante. C'était ici, dans ce jardin. Il y était allé et allait rentrer quand il avait perçu un mouvement. Ayant reçu un entrainement de guerrier, il s'était aussitôt méfié. Il n'avait pu voir qu'un pelage noir et blanc partant fugitivement et une odeur lui était restée. Une odeur très spéciale qu'il aurait reconnue entre mille. Celle de sa mère. Pas celle, adoptive mais sa vraie mère. Il ne l'avait senti que quelques heures mais elle était restée gravée dans son coeur, plus surement qu'un serment. Malgré ses efforts il n'avait jamais pu retrouver le chat de qui provenait l'odeur. Et depuis ce jour, il venait régulièrement dans ce jardin, dans l'espoir de revoir le chat. Peut-être s'agissait-il d'un de ses frères ou soeur ou alors de quelqu'un de sa famille. Mais il n'avait jamais revu le chat, à un point qu'il avait fini par se demander si il n'avait pas rêvé. Mais l'odeur, cette odeur il ne pouvait l'avoir imaginé. Depuis des lunes elle l'accompagnait dans son sommeil, cette odeur.

Un bruit le tira soudain de ces pensées... Et il vit une chatte de jais s'effondrer sur la pelouse sans apparemment de véritable raison. L'odeur révélait une appartenance au Clan de la Rivière. Ces deux pensées ne mirent qu'une fraction de seconde à traverser l'esprit du chat, et un instant plus tard il était près de la chatte qui avait les yeux fermés. Sa respiration semblait douloureuse pourtant elle ne semblait avoir aucune blessure. Impuissant à faire quelque chose car il ne savait pas quoi il rongeait son frein, espérant que la chatte se réveillerait. Maudissant le chat qui avait tué son mentor et à cause de qui il n'avait pu finir son entrainement, une phrase remonta de sa mémoire.

*Un guérisseur sait guérir les blessures physiques mais ça tout le monde est capable de le faire. La tâche de guérisseur qui t'incombera un jour ça sera de guérir toutes les blessures autant physiques que morales. N'oublie pas ça, les meurtrissures de l'esprit sont bien plus difficiles à soigner que celles du corps. Mais tu as un don pour cela, alors ne t'inquiètes pas.*

Un don. Pourtant en ce moment, le chat ne semblait pas se trouver beaucoup de don à part celui d'être complètement nul. Il était incapable de faire quelque chose pour la chatte. En désespoir de cause il alla chercher des feuilles jacobées. Coup de chance ou du destin, il y en avait pas très loin. Mâchant les feuilles, il les donna ensuite à la chatte priant pour que cela ait un effet quelconque. Le nom de la féline lui revint soudain. Croc de Saphir une jeune chatte qu'il avait déjà croisé sans vraiment lui parler.

"Croc de Saphir? Ca va?"

[Roo désolé c'est vraiment pourri^^']