L'astre solaire déclinait lentement à travers les arbres. Dans peu de temps il cèderait entièrement sa place à la Lune, maîtresse de la nuit. On devinait le ciel légèrement tinté de différentes couleurs derrière les nuages qui en obstruaient la vision. Une brise fraiche sifflait, agitant les dernières feuilles qui tenaient encore aux arbres dénudés comme des malades s'accrochant à un dernier espoir, à la vie. Je marchais sans bruit dans la forêt, hors des territoires du clan du Chaos, laissant mes pattes me guider où bon leurs semblaient. Mes sens étaient aux aguets et j'inspirais profondément les effluves de la forêt, les pupilles dilatées. Je ne sentais aucun gibier. Manifestement aucune proie ne finirait sous mes griffes cette nuit-là. En réalité, je n'avais pas faim. Cette sortie nocturne était destinée à me faire prendre l'air, m'éloigner du clan, des responsabilités, de mon poste de meneuse en quelque sorte. Il m'arrivais parfois de songer à ce qu'aurait été ma vie si je serais restée au sein du clan de l'Ombre. Je n'en tirais pas grand chose et ressasser d'anciens souvenirs me ramenait sans cesser à ce moment précis où ma vie avait été bouleversée. Je décidais de penser à autre chose. Et quoi de mieux pour tout oublier que m'adonner à quelque chose que j'appréciais tout particulièrement ?

J'avais courut longtemps. La brise s'était transformée en vent qui fouettait sans relâche mon pelage flamboyant avec la vitesse. Les yeux plissés, les oreilles dressées, la queue balayant l'air derrière moi, j'avais évité les obstacles qui se présentaient en travers de ma course effrénée soit d'un bond soit d'un léger détour, sans jamais ralentir. J'arrivais en trombe dans une vaste clairière, que je ne reconnus pas tout de suite tant j'étais désorientée par ma course folle. Je ralentis et me laissais tomber sur un tapis d'herbe moelleux. Mon cœur battait à tout rompre, mon souffle était irrégulier et j'avais des vertiges. Ce n'était peut-être pas très sein mais pendants quelques douces minutes je me sentis bien, sereine, vidée de tout. Je m'étendis de tout mon long, fermant les yeux et savourant l'instant présent. Je n'avais pris aucune précaution, je n'avais pas réfléchis au faite qu'un des chats des quatre clans, autrement dit un ennemi, aurait put me surprendre et me tuer sans que je n'ai la moindre réaction. J'étais comme ça, c'était plus fort que moi. Malgré les erreurs que j'avais souvent commises à cause de mon impulsivité, je n'en avait tiré aucune leçon. Vivre sans un soupçon d'angoisse ou de folie ne serait pas aussi agréable.

Je roulais sur le dos, tendant les pattes au dessus de ma tête et m'étira longuement après que j'ai repris mon souffle et que mon pauvre cœur se soit calmé. Je me décidais enfin à ouvrir les yeux et à observer le paysage qui m'entourait. Une vaste clairière. Quatre grands arbres imposants. Des chênes. Pourquoi je m'étais pointée ici, moi ? J'avais besoin de changer d'air pas de replonger dans d'autres souvenirs pas vraiment agréables ! C'était le lieu même de la bataille qui avait opposé mon clan aux quatre autres, le Tonnerre, la Rivière, le Vent et mon ancien clan natal, l'Ombre. Une bataille sans merci qui n'avait épargné personne. Pas même, moi. J'avais lâché mon clan pour panser mes blessures et ne pas mourir en pleine bataille comme une vulgaire guerrière fidèle à son clan. Se faire passer pour morte avait été presque jouissif. Vous imaginez la tête des autres félins quand vous vous pointez au camps comme revenu d'entre les morts ? C'était un des rares bons souvenirs que je conservais d'ailleurs. Je me remémorais la bataille, me demandant tout de même comment j'avais pût être assez nulle pour ne pas pouvoir terminer la bataille indemne et m'être fait autant égratignée. J'étais plongée dans mes pensées, ignorant les effluves que m'apportaient les environs.