La Guerre des Clans
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 » Quand faut y aller...

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MessageSujet: » Quand faut y aller...   » Quand faut y aller... Empty29/10/2009, 01:00

      » When it's necessary to do there...
      Pv with Nuage de Noisetier



      J'effleurais l'épaule de l'apprenti, essayant de contenir mon énervement qui fleurissait déjà. Fermant quelques secondes mes yeux troublants, j'expirais et inspirais lentement. Une technique de relaxation que j'avais découverte il y avait quelques lunes et qui marchait plus ou moins bien, selon les jours et la fureur dans laquelle j'étais. Là, ce n'était que le début, je réussis donc à retrouver un calme serein, presque prêt à sourire s'il le fallait à mon apprenti. Ce que je fis aussitôt profitant de la bonne humeur dans laquelle j'étais. Ainsi, un fin sourire s'afficha sur mon visage tandis que j'ouvrais les yeux. Sourire qui se fana légèrement. Jusqu'à disparaitre complètement devant la vue que m'offrait le chat beige. Il dormait. Je venais de le réveiller, de le bouger ce qui suffisait normalement à sortir du monde des rêves tout chat normalement constitué, et il dormait. Comme un bienheureux en plus. Tâchant de ne pas me mettre à crier comme un fou furieux dans l'oreille du félin, je me remis à le secouer, portant mon regard un peu partout dans la tanière sauf sur lui. La vue de toutes ces boule de poils endormies ne me calmait pas vraiment, mais cela me permettait du moins d'éviter de voir l'apprenti qui apparemment ne semblait pas gêné par le fait qu'il soit secoué comme un poirier depuis quelques secondes déjà. Sentant une vague de colère monter, plus forte que les autres, je poussais plus fort que les autres fois l'apprenti et lui débitais rapidement une ou deux phrases craignant qu'un nombre plus élevé ne fasse monter le ton de ma voix dans des volumes sonores un peu trop hauts. Peut-être jusqu'à ce que seuls les chauves-souris puissent m'entendre.

        « Allez ! Réveille-toi. Retrouve-moi tout de suite devant le Promontoire. »

      Me détournant rapidement de la boule de poils beige qui essayait de se réveiller ce qui paraissait apparemment extrêmement dur pour ce chat, je me faufilais en silence vers la sortie de la tanière. Quelle loque, mon dieu, quelle loque ! Ca me semblait faire une éternité que je secouais l'apprenti pour le sortir de la torpeur dans laquelle il semblait s'être enveloppé. Un cas qui dés le début me semblait déjà désespéré. Après tout, c'était un jour de son apprentissage, le jour où il serait testé en quelque sorte par son mentor, en somme moi. Il se devait de faire bonne figure, de sauter prêt à partir au moindre de mes mouvements, de se réveiller en un clin d'oeil au plus petit frémissement... Mais non, il lui avait fallu une véritable éternité pour comprendre que je le secouais ce qui signifiait qu'il devait se lever, se réveiller même. Là, en ce moment, une seule question me tournait dans la tête.

      Comment en étais-je arrivé là ?



        Très simplement en fait. Pour le comprendre, il suffisait de remonter un peu moins d'une lune en arrière. J'aurais tout ce que j'avais, mon âme, mon coeur, pour que ce qui s'était passé ce jour-là soit effacé. Et que ma charge soit disparue. Me laissant replonger dans les souvenirs de ce jour-là, ce jour si malheureux, je ne remarquais même pas que mon apprenti n'était toujours pas arrivé.

          - Que tous les chats qui sont en âge de chasser se rapprochent du Promontoire pour une Assemblée du Clan.

        Quand la féline rousse eut fini de déclamer l'appel rituel, presque tous les chats du Clan étaient déjà présents. Presque tous s'étaient assemblés avec un air fervent autour de la meneuse, la fixant comme si leur vie en dépendait. Presque tous. Un félin bicolore, dont tout le physique marquait la virilité, regardait le vol paresseux d'un papillon, semblant se désintéresser totalement de ce que pouvait bien dire la meneuse. Comme vous l'avez surement deviné, ce félin désintéressé, c'était moi. Si j'avais su... Si j'avais su ce qui allait se passer à ce moment-là, j'aurais surement fui le plus loin possible. Ou alors, plus surement, j'aurais parlé avec Etoile Rousse et lui aurait demandé de changer sa décision. Je savais que j'aurais dit n'importe quoi à ce moment-là. Même que j'étais surchargé par mes nouvelles charges. Ou que je n'étais pas sur de pouvoir bien apprendre à un apprenti tout ce qu'il fallait savoir alors que beaucoup de changements avaient eu lieu dans ma vie. Enfin, à ce moment, je ne dis rien de tout cela car je ne savais pas encore quel était le sort qui m'attendait.

        Mes yeux verts et marrons suivaient le mouvement sinueux du papillon. C'est étrange de voir à quel point j'avais tout retenu. Je m'en souvenais comme si je l'avais sous les yeux de ce papillon. Ces ailes, étrangement fines et fragiles, semblaient être prêtes à se friper au moindre choc, à se déchirer à la première goutte venue. Et pourtant, elles étaient si belles, je me souviens encore de m'être dit qu'il était magnifique ce papillon. Un compliment qui lorsqu'on me connaissait gagnait énormément en valeur. Créant un liseré rouge, ses ailes étaient bordées d'une teinte carmin qui se terminait au bout d'un dégradé en une fine teinte orangée. Créant des arabesques de toute beauté, un dégradé de bordeaux ornait les deux ailes et... Une voix me sortit de ma contemplation et c'est avec une certaine colère que je me tournais vers Etoile Rousse. Avant de la contempler fixement lorsque je compris le sens de ses paroles.

          - Petit Noisetier, tu es en âge de passer à un stade supérieur, à partir d'aujourd'hui tu te nommeras Nuage de Noisetier. Ton mentor sera Sombre Echo. Sombre Echo, sache lui transmettre la sagesse et la combativité que t'as enseigné Souffle du Soir.


        Les yeux légèrement écarquillés sous la surprise, je la fixais sans réaction. Non... Elle n'avait quand même pas osé. Pas ça. Elle m'avait nommé mentor. Et mentor d'un de ces chats en plus. Tournant mon regard incrédule vers la boule de poils beige qui avançait vers moi, un grand sourire lui barrant le visage, je cherchais à comprendre. A sortir de ce cauchemar. Je n'allais pas devoir apprendre à ce truc sautillant le combat et la chasse. Et quel manque de discrétion mon dieu ! Il était moins silencieux qu'un troupeau de sanglier en fuite. Sauf que j'avais du comprendre. Le cauchemar était devenu réalité, et j'en avais pris conscience quand la truffe du petit m'avait effleuré. J'avais baissé la tête et croisé son regard. Quelle naïveté dans ce regard... Tournant mes prunelles étincelantes de fureur vers Etoile Rousse, je plissais mes yeux en la voyant se retourner sans un mot et rejoindre sa tanière. Comment avait-elle pu ?


      L'arrivée de Nuage de Noisetier me tira de mes pensées. Le poil encore ébouriffé, il paraissait encore dormir debout. Encore un défaut de trouver chez ce chat, il avait autant d'énergie le matin qu'un escargot. Cet apprenti était une véritable merveille quand il s'agissait de lui trouver toute sorte de défaut. Son manque de discrétion me sautait à chaque fois aux yeux. Malgré nos entrainements à la chasse, à chaque fois qu'il n'était plus sur la piste de quelque chose, il retrouvait sa maladresse horrible de chaton. D'ailleurs, je n'avais pas décidé de ce que nous ferions ce matin. Chasse ou combat ? Ma colère rentrée me fit trouver la réponse immédiatement. Combat. J'avais besoin de me relaxer un peu. Je ne comptais bien sur pas m'attaquer à cet apprenti même si l'envie ne m'en manquait pas. Il fallait que je reste dans ce Clan pour l'instant. Une pensée en entrainant une autre, je me sentis soudain fier de moi. Malgré mon énervement et l'idiotie parfois poussée de Nuage de Noisetier, je m'étais bien comporté vis à vis de lui. Je ne l'avais jamais brusqué, ne m'étais jamais emporté contre lui. Il fallait que j'avoue que j'étais avare de compliments envers lui mais je n'allais quand même pas l'abreuver de "Magnifique" toutes les journées. Et puis, ça n'aurait pas collé avec mon personnage. En somme, j'étais pour l'instant un mentor modèle quoique un peu bourru. Réussissant à sourire à l'apprenti, je miaulais calmement.

        « Va te chercher une proie sur le Tas de Gibier, tu vas avoir besoin de force aujourd'hui. J'espère que tu es bien réveillé. Et essaie d'être un peu plus vif la prochaine fois que je te réveille. Tu as veillé toute la nuit ou quoi ? »

      Je m'en serais admiré moi-même. Le ton était génial, ni méchant, ni trop amical. Pile poil la dose d'amusement qu'il fallait. J'avais un de ces dons d'acteur, il fallait tout de même avouer... J'étais certain que si Nuage de Noisetier ne me portait peut-être pas beaucoup dans son coeur, il ne me haïssait pas et ne nourrissait aucun soupçon envers moi.
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MessageSujet: Re: » Quand faut y aller...   » Quand faut y aller... Empty29/10/2009, 21:29

    Encore raté !
    La mine déchue , la boule de poils contempla , le regard rageur , la petite queue rousse qui disparaissait avec une souplesse presque moqueuse dans la cime du grand chêne sous lequel l'apprenti s'était arrêté . Boudeur , le prédateur humilié donna un coup de griffe dans le tronc centenaire , et voir , millénaire , ou sa proie du jour avait trouvait refuge . Aussitôt une douleur légère dans les côtés lui répondit . Hébété , le matou fixa le chêne comme si celui si venait de répondre à ça vengeance physique qui lui avait enlevé quelques bribes d'écorce et laissait une trace verte telle une mauvaise plaie . Pourtant , l'arbre innocent continuait d'osciller paisiblement sous les légères bourrasques du vent venu du sud . Et les coups reprirent de plus belle . Agacé , le novice beige secoua son large museau et recula légèrement . Mais ces membres postérieurs percutèrent une surface dure et lisse et le jeune félin , dont le visage évoquait en même temps la surprise et un agacement proche de la colère , se retrouva le museau dans l'herbe humide et chatouilleuse . Les coups frénétiques reprirent et à eux s'ajouta un écho sourd et légèrement menaçant . Nuage de Noisetier agita la tête et roula sur la dos . L'écho revint aussitôt , devenant de plus en plus net et familier .

    « Allez ! Réveille-toi. Retrouve-moi tout de suite devant le Promontoire. »

    Le matou ouvrit les yeux . Ses paupières retombèrent de suite , le plongeant dans les ténèbres accueillantes et chaleureuses du monde des rêves . A contre-cœur , le félin rouvrit ses deux grands yeux fougères et se força s'étirer . Ses articulations , encore engourdies par le sommeil , craqueraient avec un bruit sonore , faisant remuer les autres novices éparpillait autour de lui . Une vague de jalousie submergea aussitôt le matou dont l'humeur n'avait en ce moment d'égale que sa fatigue . Les autres apprentis avaient des mentors bien moins demandeur ! Mais bon , ainsi en avait décidait le destin , Noisett' était voué à se lever tôt pendant tout son apprentissage . Il fallait dire que c'était de loin son pire point faible . Pas du tout lève tôt , Nuage de Noisetier savait très bien qu'il agaçait énormément son mentor avec ce "problème". En parlant du loup ...

    Un rapide coup de langue sur son poitrail ébouriffé , un bâillement , et l'apprenti était déjà dehors . Son regard tomba aussitôt sur le félin bicolore assis non loin du promontoire . Un dernier étirement et le jeune mâle s'avança vers le guerrier . Prudent , le novice s'assit poliment devant le chasseur noir et blanc . En vain il tenta de scrutait le visage de marbre du matou . Cette même expression impassible , telle une barrière barrait le chemin au chaton vers les pensées mystérieuses de son mentor , l'obligeant à s'attendre au pire . Pourtant quand Sombre Écho , nom peu rassurant , lui adressa la parole , ses mots avaient la dose exact entre le chaud et le froid .

    « [...] avoir besoin de force aujourd'hui. J'espère que tu es bien réveillé. Et essaie d'être un peu plus vif la prochaine fois que je te réveille. Tu as veillé toute la nuit ou quoi ?

    - En ... En quelque sorte . » miaula tout bas le concerné avant de s'effacer de la vue de son mentor .

    Le faite qu'il doive prendre des forces avant l'entrainement ne le rassurait guère mais il ne pipa mot et se dirigea rapidement jusqu'au Tas de Gibier . Son choix tomba aussitôt sur une mulot bien gras . Saisissant délicatement le petit rongeur , le matou trotta jusqu'à un coin tranquille et assez près du labyrinthe de ronces pour savoir si son mentor l'attendait ou pas . L'attention rapportée sur son déjeuner , le matou mordit à pleine dent dans la chair succulente et encore chaude , se qui laissait croire que l'animal n'avait pas était attrapait depuis très longtemps . Une , deux , trois bouchées et il ne restait au mulot plus que les os et quelques bribes de viande que le félin n'avait pas réussi à arracher . Quittant à contre-cœur son endroit plutôt confortable , le matou s'engagea sur le chemin apprit par cœur menait à l'entrée ... et à son entrainement .
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MessageSujet: Re: » Quand faut y aller...   » Quand faut y aller... Empty4/9/2010, 00:36

    » Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.
    Feat Nuage de Noisetier

      Peur. Crainte, inquiétude ressentie face à un danger, une situation présente ou à venir.
      Voilà ce que je voyais dans les yeux de l'apprenti qui me faisait prudemment face. Cette légère tension dans ses muscles, sa façon de ne rester fixé qu'un instant sur mon regard avant de s'en éloigner vivement de quelques millimètres. Aussi maître de moi puis-je être, jamais les distances que je me tenais de garder avec tous les membres de ce maudit Clan ne pouvaient me permettre d'effacer cette distance qui avaient engendré une crainte sourde et constamment présente dans nos relations. De toute façon, quelle importance. Ce que pensait de moi ce gringalet m'était égal. Il n'était qu'un chat que je devais cotoyer uniquement par devoir et non par plaisir. Comme tous les guerriers qui semblaient soudainement avoir oublié tous leurs griefs contre ma personne. Je ne partageais mes repas avec eux que pour ma vengeance. Je ne souriais aux apprentis que pour ma revanche. Je n'aidais les anciens que pour ma punition. Cet avorton que l'on m'avait désigné comme apprenti n'était qu'un pion de plus dans ce que je croyais être mon jeu. J'étais le roi, et ainsi, je les dupais tous, les déplaçant à mon aise sur mon échiquier. Et à la fin, tous tomberaient. Tous goûteraient à ma souffrance. Tous verraient ce que j'avais du vivre, continuellement. J'étais le roi, eux n'étaient que des pions... Facilement manipulables...

      « - En ... En quelque sorte. »

      La voix faible de Nuage de Noisetier me fit sortir de mes pensées vengeresses. Avec regret, je m'en tirais, me contentant de regarder d'un air vide le gringalet s'éloigner de moi. Depuis que j'étais devenu contre mon gré, son mentor, je m'étais demandé pourquoi Etoile Rousse avait fait ce choix de couple. Après tout, depuis cette mémorable bataille aux Quatre Chênes, les brimades avaient cessé, et tout le Clan savait que j'étais devenu froid et distant. Peu m'adressaient la parole et c'était le plus souvent uniquement lorsque j'étais de patrouille avec d'autres guerriers. Alors, pourquoi m'avait-elle donné à moi ce nabot naïf et horriblement positif ? Notre "chef" avait bien du prévoir que nos deux caractères totalement opposés ne nous permettraient pas de pouvoir cohabiter dans une relation normale. Ou alors, elle avait supposé que ce positiviste adoucirait mon caractère... Pensée ridicule mais au fond tout à fait digne de la meneuse de l'Ombre. De toute façon, réfléchir ne résoudrait rien, je n'avais jamais su comprendre cette chatte qui présentait un caractère trop différent du mien pour que je puisse ne serait-ce qu'essayer de le comprendre.

      Mon regard embué s'attacha aux mouvements de mon apprenti tandis que celui-ci se dirigeait vers l'entrée du campement, devançant mon ordre. A force d'habitude, il s'était mis à comprendre que certaines choses restaient immuables avec moi et commençait à obéir à mes injonctions avant que je ne les exprime. M'ébrouant silencieusement, je partais à sa suite m'enfonçant dans ce qui servait de chemin de passage à ce campement. Dépassant Nuage de Noisetier qui m'attendait un peu plus loin, je me contentais de lui faire comprendre d'un signe de la queue qu'il devait me suivre. Je n'avais vraiment pas envie de gaspiller de ma précieuse salive pour lui dire où nous allions. Il le découvrirait bien assez tôt. De toute façon, je n'étais pas sur moi-même d'où j'allais l'emmener. Bien que cela n'ait pas une grande importance puisque l'entrainement de cet apprenti ne m'intéressait en rien, je me devais de garder des apparences plus ou moins honorables et donc d'être un mentor convenable. Ce fut donc plus ou moins inconsciemment que je dirigeais vers les Marais. Difficile de dire si j'avais eu une bonne ou mauvaise idée, ceux-ci n'étant pas le meilleur endroit où se battre.

      M'asseyant au ralenti, je me tournais à demi vers Nuage de Noisetier qui m'avait suivi en silence jusqu'ici. Sachant qu'il était considéré comme un de plus bavards du Clan, il devait vraiment me craindre pour ne pas avoir dit un seul mot depuis le départ du Clan. Bah, c'était plus facile ainsi, ça aurait rendu nos entrainements tendus voire insupportables pour moi s'il avait continué comme au début. Laissant planer encore quelques instants un silence que je savais pertinemment qu'il avait du mal à supporter entre nous, je laissais mes pensées flotter dans ma conscience, réfléchissant vaguement à la façon dont j'allais argumenter mon choix de lieu pour un combat. Quoique, cela avait-il vraiment de l'importance... Me retenant de bailler, je brisais le silence qui commençait à se cristalliser sous la tension contenue, tachant d'improviser quelque chose de plus ou moins crédible.

      « - Aujourd'hui, tu vas t'entrainer au combat puisque ton niveau à la chasse commence à être satisfaisant. Comme tu dois t'en souvenir, la dernière fois que je t'ai entrainé au combat, c'était dans le charnier, où le terrain est plus régulier et surtout sec. Ici, puisqu'il a plu hier, le terrain est plutôt boueux voire gluant et très irrégulier ce qui rajoute une difficulté à cet exercice. De plus, bien que vu que l'on soit à découvert cela ne change pas réellement la donne, les odeurs sont ici difficiles à saisir car recouvertes par la puanteur des marais. Tu dois pouvoir combattre sur tous les types de terrain. »

      Je marquais une pause, le laissant savourer le "compliment" rare que je venais de lui offrir. Mon humeur ne s'arrangeait pas réellement mais je devais reconnaître qu'il ne se débrouillait pas trop mal en général bien que je sois désespéré par son allure générale, sa naïveté, son positivisme à toute épreuve... En fait, ce chat m'énervait dans tout son caractère. On pouvait presque dire qu'il était mon total opposé.

      « - Bon, commence par m'attaquer. Tu dois essayer de me renverser »

      Me relevant placidement, je me concentrais sur lui. Dans cet exercice j'avais un avantage considérable. Notre différence de masse. Un exercice comme celui-ci permettait aux jeunes de perdre leurs habitudes de chatons qui consistaient généralement à foncer dans le tas pour réfléchir. Pour réussir à faire tomber quelqu'un de plus lourd que soi, il fallait ruser, tromper, feinter... Mes yeux troubles s'attachèrent à observer le moindre détail que ce soit concernant l'apprenti mais aussi tout le terrain nous entourant. A ce moment de l'entrainement, mes pensées maussades, coléreuses et méprisantes disparaissaient pour laisser place à un calme que je ne connaissais que rarement. Ma concentration était telle que les émotions disparaissaient laissant un vide réconfortant à la place.
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MessageSujet: Re: » Quand faut y aller...   » Quand faut y aller... Empty3/11/2010, 01:07

          » Quand faut y aller... Waiting_for_the_rain_by_Dejavooo
            Il faut collectionner les pierres qu'on vous jette. C'est le début d'un piédestal.
            [Hector Berlioz]


    Les mauvaises âmes sont partout. Que se soit dans les amitiés, les amours, les haines, il y aura toujours le mauvais, le méchant, celui qu'on craint ou admire, celui qui suscite ce respect froid et bien malheureusement non mutuel. Et parallèlement, toujours, il y aura le bon, le brave, le grand cœur aux défauts cachés, celui qui attise un amour collectif et sans limites. Ou presque. Toujours, tout le monde verra la vie en noir et blanc, avec ses mauvais et ses bons. Toujours. Cette bêtise collective ferra naître des héros et sombrer des méchants. Mener à l'hypocrisie des gens sensés, enflammer d'une rage inexpliquée des centaines de "moutons". Les méchants et les bons. Le noir et le blanc. Mais quant est-il des autres couleurs ? Le blanc peut être moucheté de noir, de rouge, de haine et de sang. Le noir peut être tigré de blanc, de bleu, de vert, de joie et d'amour. Le héros peut être fou, le méchant pas si mauvais. La vie est colorée. Pourtant, certains oublient leur prisme et continuent de la voir en blanc. Et en noir. Alors qu'il suffit d'une averse pour faire apparaitre un arc-en-ciel. Le héros ne sont pas tous bons. Les méchants pas tous mauvais. Alors pourquoi s'entêter ?

    Nuage de Noisetier s'immobilisa. Derrière lui, légers et discrets, les pas de loup de Sombre Écho présageaient l'arrivée prochaine de leur propriétaire. Le jeune mâle tourna légèrement la tête, une patte suspendue en l'air, attendant que la voix distante de son mentor lui annonce le lieu de ses tortures. Aucune réponse ne lui parvint, juste un évasif signe de la queue qui lui ordonnait de suivre en silence. Docile, la nuque courbée, l'apprenti se mit en route. Peut être que la nature optimiste de Noisetier lui permettait de ne pas totalement désespérer. A chaque pas, la tension s'accentuait, alourdissait encore plus l'atmoshpère déjà étouffante. Et pourtant, le matou, presque impassible, continuait résolument sa marche, sans l'ombre d'une quelconque haine ou dégoût sur le visage. Il craignait Sombre Écho. Pour lui, le guerrier noir et blanc était une statue de glace, impraticable et distante. Le Clan le respectait, alors il était logique que le novice beige le respecte aussi. Mais, également, Nuage de Noisetier était animé par un tout autre sentiment bien plus étrange. Difficilement explicable, spécifique au jeune chat de l'Ombre. Il avait de l'espoir. Oui, de l'espoir. Aucune souche n'est définitivement pourrie, aucun visage définitivement glacé. Il savait, il voulait, il espérait, pouvoir trouver sous ce masque correct mais impassible une âme colorée. Noisetier était un optimiste, un jeune fou aux idées bien irréelles. Il était étouffé par les utopies d'un monde meilleur, et sa relation avec son mentor n'y faisait pas exception. Le triste constat d'une entente tout simplement impossible ne le fatiguait pas. Alors pourquoi ne faisait-il pas cet amical pas en avant ? La crainte. Et oui. La crainte d'être rejeté, la crainte d'une punition, la crainte tout simplement. Mais Noisetier était patient. Et le moment venu, son cœur naïf de chaton naïf saura tenter de tirer un peu de vraie chaleur du mâle noir et blanc.

    Frémissement imperceptible de la fourrure. Nuage de Noisetier releva les yeux, un brin égaré. Face à lui, Sombre Écho s'était assis, à demi-tourné vers le jeune chat beige. Il semblait réfléchir. Hésitant, le novice aux yeux verts balaya le lieu de l'entrainement du regard. Le Marais. Il aurait dû s'en douter, lorsque l'odeur putride de la vase l'avait pris à la gorge, et lorsqu'il s'était mis à espérer qu'il n'aurait pas à se trainer dans la boue collante. Mais non. Noisetier fit quelques pas en avant, tandis que son mentor laissait peser le silence. Un malaise de plus en plus désagréable commençait à se prononcer dans le regard de l'apprenti tigré. Le matou baissa les yeux vers ses pattes boueuses. Le silence, tueur de joie, nuisible du bonheur, les étouffait, enroulait autour d'eux son corps noueux de serpent. Enfin, Sombre Écho parla.


      « - Aujourd'hui, tu vas t'entrainer au combat puisque ton niveau à la chasse commence à être satisfaisant. Comme tu dois t'en souvenir, la dernière fois que je t'ai entrainé au combat, c'était dans le charnier, où le terrain est plus régulier et surtout sec. Ici, puisqu'il a plu hier, le terrain est plutôt boueux voire gluant et très irrégulier ce qui rajoute une difficulté à cet exercice. De plus, bien que vu que l'on soit à découvert cela ne change pas réellement la donne, les odeurs sont ici difficiles à saisir car recouvertes par la puanteur des marais. Tu dois pouvoir combattre sur tous les types de terrain. »

    Noisetier frémit. Très légèrement, très faiblement. La "flatterie" maquillée que venait de lui accorder son mentor l'étonnait. Normalement, la rareté de ce phénomène aurait dû le réjouir, mais les papillons tourbillonnants dans son ventre l'empêchaient d'esquisser l'ombre d'une sourire. Le matou tourna doucement les oreilles en arrière, nerveux. Puis, lentement, hocha la tête.


      « - Bon, commence par m'attaquer. Tu dois essayer de me renverser. »

    Le combat ne fut jamais une chose appréciée par Nuage de Noisetier. Même lorsqu'il était chaton, une sorte de répugnance inexplicable l'animait à la vue de gamins en train de se battre. Ainsi, passait-il la plupart de son temps chez les anciens, à nourrir son esprit naïf des sornettes des vieillards. Sornettes qu'il allait raconter aux autres chatons, tout en n'oubliant pas de les enjoliver, de les changer à sa guise. Peut être était-se de là que venait sa réputation de pie bavarde. Enfin.

    A contre-cœur, Noisetier fléchit les postérieurs. Réfléchir. Le sol était boueux, glissant, au moindre faux mouvement il risquait de voir le monde basculer dans la tourbe. Logiquement, il n'avait aucune chance. Mais que serait un monde constitué seulement de logique ? Il fallait qu'il arrive à le surprendre, à détourner son attention. Noisetier posa un regard méfiant sur les griffes acérées de son adversaire. Le souvenir vague de son premier entrainement au combat resurgit par morceaux dans son esprit brumeux. Durant cette étouffante journée au charnier, il avait plutôt été question de théorie, et de poses défensives. Comment attaquer ? Il n'avait aucune expérience, pas même un niveau de chaton. Devant cette conclusion accablante, l'apprenti beige sentit son ventre se serrer au point d'avoir l'impression qu'un monstre venait de percuter son estomac. Sa pupille se rétracta, son cœur s'emballa dans sa poitrine. Il fallait qu'il se calme. Noisetier leva un œil nerveux vers son mentor. Le grand mâle attendait, impassible. Bon. Le jeune matou ferma un instant les yeux, prit une grande respiration. Puis releva -un peut trop- brusquement la tête, son regard anormalement fixe figé sur l'épaule du bicolore. Et enfin, bondit. Ensuite, tout se passa très vite.



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