« Et si c'était ça le bonheur, pas même un rêve, pas même une promesse, juste l'instant. »

CRÉDIT - CSS

« Allongée sur cette étendue d'herbe verte et grasse, je contemple le soleil au-dessus des collines avoisinantes. Le ciel est bleu azur, sa couleur pure reflète le bonheur et l'allégresse de mon être en ce début de printemps. Les oiseaux chantent depuis longtemps la même litanie, incessante, perchés sur les branches des arbres maigrichons et frêles qui plient sous leurs poids, pourtant très léger. Les nuages ne sont pas de la partie, rendant mon après-midi alléchante et parfaite, si ce n'est ce sentiment étrange. Pourquoi avais-je la désagréable impression d'avoir été suivie ? »

Le soleil s'était levé tôt, brillant de sa lumière sublime, faisant répercuter ses rayons sur les arbres, les rochers et la surface de la rivière bleutée. Une brise fraîche se faisait ressentir agréablement, réveillant, pour ainsi dire, le bonheur de la nouvelle saison. Doucement, cette allégresse s'installait en son être, son être qui, habituellement, n'appréciait point le printemps et ses fleurs roses. Étrange changement d'attitude chez elle qui était habituellement, pour ainsi dire, d'humeur maussade et bougonne. Passons, la journée s'annonçant semblait plus intéressante et riche que l'humeur de la demoiselle.

Elle sortait de sa tanière de pierres, un sourire amusé se dessinant sur son svelte visage. Les derniers jours avaient été pluvieux, le genre de temps que la Belle détestait plus que tout. Enfin, aujourd'hui apparaissait comme une journée de printemps digne de ce nom, ensoleillée, calme et reposante. Les oiseaux aussi paraissaient d'humeur matinale, chantant leur joie à tue-tête. Le gibier était presque disparu sur le garde-manger, elle décida donc d'aller se dégourdir les pattes en une bonne partie de chasse.

La rivière était limpide, laissant les yeux de la chatte apercevoir les poissons d'humeur taquine. Ils bougeaient en tous sens, faisant tourner la tête de la demoiselle tant ils étaient rapides. Elle décida donc de fermer un peu les yeux pour se détendre, se faisant, elle reprit sa chasse là où elle l'avait arrêtée. Patte hors de l'eau, elle épiait les invertébrés de sa motte de terre. Une truite passa non loin de son membre tendu, elle eut un réflexe de grande chasseuse, un dernier recours, et elle l'attrapa difficilement.

Il ne restait plus que les arrêtes, la matinée était passée vite tant elle s'était démenée à attraper ce petit animal. Enterrant les restes du cadavre, elle soupira, voulant arrêter de chasser. Elle se mit donc sur ses pattes et partit, non pas en direction du camp, mais en direction des quatre grands arbre imposants que l'on nommait les Quatre Chênes. Lieu de trêve lors de la pleine lune, endroit où se rassemblaient les quatre Clans pour une assemblée mensuelle...

Allongée au soleil, elle observait le paysage qui l'entourait. Les quatre arbres dominaient toute la clairière, semblant monter jusqu'au ciel. Le ciel, lui, continuait à rester d'un bleu limpide et sans tâches nuageuses, supportant le grand astre du jour qu'était le soleil. Elle se prit à penser à son enfance, à son apprentissage, pourquoi les souvenirs revenaient toujours dans les rares moments de bonheur qu'elle partageait avec son fort intérieur ? Son apprentissage n'avait été qu'une course contre la montre en y pensant, un immense sablier, et lorsque le temps s'était arrêté, que le sable avait cessé de couleur, la mort de son mentor avait apparue. Sombre période.

Les larmes commençaient à couler, encore. Qu'elle détestait le printemps ! Le traître qui la rendait heureuse un instant et qui, peu après, lui plantait le couteau du souvenir dans le coeur. Le chant des oiseaux n'avait plus d'effet sur elle, l'allégresse s'était envolée... Adieu bonheur insipide et fragile, pourquoi m'as-tu trahi ? Elle se posait cette question lorsqu'une odeur féline lui parvint aux narines.